Disparu il y a tout juste vingt ans, Ivo Livi dit Yves Montand fut, entre autres talents, un immense acteur. Voici donc nos "essentiels" du monsieur : soit une sélection (non exhaustive et totalement subjective !) de films incontournables pour quiconque veut se faire une idée de sa carrière, au travers de rôles marquants, de Carné à Beineix en passant par Clouzot, Melville, Costa-Gavras, Verneuil, Sautet, Berri...
La Rédac'
Trois places pour le 26, de Jacques Demy (© Collection Christophe L)
De quoi ça parle ?
Un comédien de music-hall, Yves Montand, revient dans la ville de son adolescence, Marseille, pour préparer le show de sa prochaine tournée internationale. Toute ses groupies sont en émoi, en particulier Marion, qui ne rêve que des feux de la rampe. Lui songe souvent à Mylène, son amour de jeunesse, qu'il a laissée pour monter à Paris.
Pourquoi le (re)voir ?
Si on le voit chanter et danser aux côtés de Marilyn dès 1960 dans Le Milliardaire, Montand devra attendre le milieu des années 80 pour être le héros d’une comédie musicale en France. Il est vrai que le genre n’a jamais été très prisé dans l’Hexagone... Heureusement, Jacques Demy - qui ne fait pas les choses à moitié - permettra à Montand de montrer qu’il reste, à plus de 60 ans, un artiste complet.
En réalité, Trois places pour le 26 est un projet qui remonte au début des années 1970 - le film s’est d’abord intitulé Folies bourgeoises puis Folies passagères, et Delphine Seyrig et Isabelle Adjani furent, un temps, pressenties au casting. Malgré les échecs successifs rencontrés par Demy (Une chambre en ville, Parking), le film verra le jour grâce à Claude Berri, qui sort tout juste d’une fructueuse collaboration avec le Papet (le diptyque Jean de Florette-Manon des Sources).
On assiste avec joie et émotion aux numéros chantés et dansés, dans lesquels Montand, qui joue son propre rôle, revient sur son parcours et ses amours. Et comme nous sommes dans un film de Demy, on suit avec délice l’intrigue qui se joue dans les coulisses : les rapports entre Marion (Mathilda May, tout juste auréolée d’un César du Meilleur espoir) et sa mère Marie-Hélène (grandiose Françoise Fabian), et le parfum d’inceste qui plane dans la relation qui unit la jeune danseuse à Montand.
Le saviez-vous ?
Une jeune danseuse fait de la figuration dans le film : Géraldine Pailhas, qui n’a encore jamais fait de cinéma. Quatre ans plus tard, elle donnera la réplique à Yves Montand dans IP5. Un hasard façon Jacques Demy ?
Yves Montand avait eu un autre projet avec Jacques Demy. C’est Marie-France Pisier (elle-même à l’affiche de Parking) qui l’a racontée au micro d’AlloCiné : "Le scénario était génial. On était censés travailler dans une fête foraine, je devais m’occuper des auto-tamponneuses, mais en fait je passait mon temps à bouquiner…"
Document INA : reportage sur le tournage de Trois places pour le 26 (10 mai 1988) :
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