Le documentaire animé: l'art du mentir-vrai - Page 5

"Walden" de Jonas Mekas

"Le filmage au quotidien"

L'un des pionniers de ce que l'on a appelé le journal vidéo est sûrement Jonas Mekas (né en Lituanie en 1922). Dès les années 60, il filme de façon régulière le milieu underground new-yorkais. Son credo: "filmer de courtes notes, jour après jour, chaque jour". De ce journal film il crée à la fin des années 60 un "Ciné-Journal". L'histoire commence le jour où il (re)découvre ces images qu'il a archivées année après année et comprend quelle voie il pourra emprunter : "En étudiant ce que j'avais filmé et en y pensant, j'ai pris conscience de cette forme de film journal et, bien sûr, cela a commencé à affecter ma manière de filmer". De cela il crée la matière de son cinéma parcouru par les mêmes thèmes: l'enfance, l'exil, les amis, les saisons, la nature et bien sûr le cinéma. Walden, journal filmé en six bobines, sort en 1969.

"L'amour m'anime" et "Deyrouth" de Chloé Mazlo (interview de la réalisatrice page suivante)

"Dénouer l'intime de l'universel"

Avec des extraits de son journal intime comme lien narratif, Chloé a réalisé une série de seize animations qui raconte ses histoires amoureuses ratées et développe ses théories sur l'amour.

A savoir:

• Il s'agit d'un film de fin d'études, la réalisatrice étudiait, au moment de la réalisation, à l'Esad (Arts décoratifs) à Strasbourg

• Le film a été diffusé sur Canal + au sein du programme "les films faits à la maison"

Deyrouth, quant à lui, réalisé en 2010, s'inspire d'un voyage intitiatique de Paris à Beyrouth entrepris par la réalisatrice durant  l'été 2006 à l'occasion du 30ème anniversaire de l'arrivée de ses parents en France.

A savoir:

• Le film mêle plusieurs techniques d'animation: stopmotion, prise de vue réelle, photographie, animation 2D et beaucoup de bricolages ingénieux!

• C'est en découvrant le film L'amour m'amine sur le marché d'un festival que Jean Christophe Soulageon des Films sauvages a contacté la réalisatrice pour mettre sur pied un nouveau projet.

"Madagascar" de Bastien Dubois

"Raconter le voyage intime"

La Famadihana, coutume malgache qui signifie retournement des morts donne lieu à d'importantes festivités, à des danses et des sacrifices de zébus, mais démontre surtout l'importance du culte des anciens dans la société malgache. L'histoire est racontée en carnet de voyage, retraçant le parcours d'un voyageur occidental confronté à ces différentes coutumes. Les pages du carnet se tournent, puis les dessins s'animent, nous parcourons les paysages luxuriants de Madagascar avant d'être initié à la culture malgache.

A savoir:

• Le projet éclôt il y a quelques années lors d'un voyage en auto-stop entre Lille et Istanbul. "J'en avais rapporté un carnet de voyage que j'avais voulu essayer de publier", explique le cinéaste. "Et puis j'ai commencé à étudier l'animation en 3D et c'est là qu'est venue l'idée d'un carnet de voyage animé" raconte Bastien Dubois

• L'idée des carnets affleure dans l'esprit du jeune dessinateur qui décide de mêler textes, dessins, croquis et objets. Il se plaît à multiplier les techniques et les matières, insérant des objets réels dans ses plans et passant librement du dessin à l'aquarelle, de la peinture à l'esquisse: "Quand je voyage et que je fais des carnets, généralement j'emporte plein de matériel différent avec moi", dit-il. "Si je vois un sujet, je vais m'orienter instinctivement vers la couleur ou le noir et blanc, une méthode plus sèche ou plus humide... La diversité de techniques, comme les collages, les petits objets, ajoute aussi à la sensation de carnet de voyage", affirme-t-il (source AFP)

• Le film a été nommé aux Oscars 2011 dans la catégorie Court métrage d'animation. C'est finalement The Lost Thing qui a remporté le prix.