La défaite, l'Occupation, la Collaboration, la Résistance, survivre au quotidien...Portrait de la France à travers huit thèmes et huit films, à l'heure de la célébration du 70e anniversaire de l'appel du 18 juin par le Général de Gaulle. Dossier réalisé par Olivier Pallaruelo
L'histoire du film
Lucien Lacombe, un jeune paysan du Sud-Ouest travaillant à la ville, retourne pour quelques jours chez ses parents en juin 1944. Son père a été arrêté par les Allemands et sa mère vit avec un autre homme. Il rencontre son instituteur, devenu résistant, à qui il confie son désir d'entrer dans le maquis. Il essuie un refus. De retour en ville, il est arrêté par la police et après un habile interrogatoire dénonce son instituteur. Il est engagé par la Gestapo et devient milicien...
Dans sa vision de la collaboration, Louis Malle a revendiqué une approche marxiste. Pour le personnage de Lucien, il a déclaré en effet s'être inspiré de la réflexion de Marx sur le lumpen prolétariat, cette classe sociale qui n'avait d'autre choix que de collaborer avec les forces de la répression parce qu'elle ne disposait d'aucune culture politique. Ainsi, dans l'esprit du cinéaste, Lucien Lacombe, en s'engageant dans la milice, n'a pas fait le choix de l'idéologie mais celui du confort matériel et de l'ascension sociale.
Lacombe Lucien a sucité maintes contreverses à sa sortie en France. Son réalisateur dut faire face à de nombreuses critiques négatives, à l'instar du journal Le Monde qui, après avoir qualifié le film de "chef-d'oeuvre" dans les premiers jours de sa sortie, dénonçait quelques semaines plus tard une oeuvre "dangereuse". De vives réactions ont également émergées de la classe poltique : communistes et gaullistes ont notamment reproché à Louis Malle d'avoir osé salir la Résistance en "légitimant un collabo". Le cinéaste s'est toujours défendu d'une telle démarche, expliquant cette polémique par le fait que les Français ont été entretenus dans une version "officielle" et idéalisée de l'Histoire selon laquelle le pays dans son ensemble s'était opposé à l'occupant.
De la fiction à la réalité
La Milice française fut une organisation politique et paramilitaire française créée le 30 janvier 1943 par le gouvernement de Vichy pour lutter contre le «terrorisme» (c'est-à-dire en fait contre la Résistance). Supplétifs de la Gestapo et des autres forces allemandes, les miliciens participèrent aussi à la traque des Juifs, des réfractaires au STO et de tous les déviants dénoncés par le régime. C'était aussi la police politique et une force de maintien de l'ordre du régime de Vichy. Organisation de type fasciste, elle se voulait un mouvement révolutionnaire, à la fois "anti" : antirépublicain, antisémite, anticommuniste, anticapitaliste, et "pour" : pour le nationalisme, le socialisme et l'autoritarisme.
Les historiens, comme Robert O. Paxton, ont soulignés que sa montée en puissance marqua la fascisation finale du régime de Vichy. Comme les nazis, les miliciens usaient couramment de la délation, de la torture, des rafles, des exécutions sommaires et arbitraires, voire de massacres. La Milice n'eut jamais plus de 35 000 membres, mais les chiffres n'ont jamais été définitifs. On estime par exemple que même après son développement dans la Zone Nord d'occupation, la Milice ne dépassa jamais 15 000 militants réels au total.
La création de la Milice française dans les images d'archives
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