La communauté de l'Annaud - Page 12

"Il suffit de prendre leur point de vue, de se mettre dans leur peau, de regarder leur regard et de s'identifier à leur problématique. Imaginez un chien qui aime ses maîtres passionnément, qu'on attache au bord de la route et qu'on laisse derrière soi : si je vous fais un plan sur le chien en train de regarder partir la voiture, vous allez pleurer et vous allez voir la voiture partir comme lui la voit, et vous allez immédiatement vous identifier. Il suffit simplement de se mettre à sa place. Ca semble compliqué pour beaucoup de gens, qui ne peuvent pas se mettre à la place d'un Chinois, d'un jeune, d'un vieux, d'un chien... Mais la faculté de la mise en scèe, c'est ça : quand je tourne L'Amant, je suis une jeune fille ; quand je tourne L'Ours, je suis un ourson, un grand ours, un chasseur. C'est la faculté de montrer le point de vue de celui qui souffre ou qui se réjouit. C'est un problème de point de vue. Jean renoir disait ça très bien : il n'y a pas de bons et de méchants, si vous vous intéressez au méchant, vous comprenez ses raisons et ses douleurs. Vous réprouvez son comportement, mais vous le comprenez. Ce n'est pas parce que les animaux ne parlent pas qu'on ne peut pas comprendre leurs désirs, leurs ambitions, leur fureur et leur chagrin. Travailler avec des animaux, c'est comme travailler avec de tout petits enfants, et du coup comme travailler avec n'importe qui. Parce qu'il y a toujours un petit enfant dans chaque acteur : quand on sait diriger un enfant, on est autant apte à diriger un acteur aussi pointu que Sean Connery. Ca se résume par la capacité à s'identifier à l'autre, de se mettre dans la peau de son acteur et dans la peau de son personnage." Jean-Jacques Annaud