Un bon film très patriotique mais qui ne reprend heureusement pas les codes du film spectaculaire hollywoodien. En effet, malgré un budget imposant de 27 millions de dollars, ‘Létoffe des héros’ reste basé sur des faits historiques mis en scène de manière simple. Par exemple, les plans d’avions dans le ciel ne sont pas si impressionnants du fait d’effets spéciaux relativement modestes (surtout des effets visuels pour simuler des troubles de la vue), quelques plans sont composés en réalité de maquettes filmées par une caméra tremblante. Cependant, ceci est tout à fait correct pour l’époque et les quatre Oscars reçus ne sont pas là pour rien. L’idée de Kaufman était -en dehors de montrer le patriotisme, la foi du peuple américain dans ces astronautes et la détermination des dirigeants (en premier lieu les Présidents américains et Chefs d’état-major)- de mettre en scène les relations familiales des astronautes et de leurs épouses face à la pression médiatique très forte. Ceci passe par des scènes de ménage assez contenues (années 50 et 60 obligent) ainsi que des scènes d’angoisse de peur de ce qui pouvait arriver aux maris casse-cous. D’ailleurs, tous les rôles féminins sont justes mais trop plats (on ne ressent pas vraiment l’indépendance des femmes en ces années) et côté masculins, rien à redire si ce n’est que parmi les acteurs (Sam Shepard, Scott Glenn, Ed Harris, Dennis Quaid ou encore Fred Ward), nombre d’entre eux ont été révélés au grand public par ce film. Philip Kaufman est le veritable maître d’œuvre dans l’histoire puisqu’il tient à la fois le rôle de réalisateur mais aussi de scénariste en reprenant l’oeuvre de Tom Wolfe. Son travail de recherches est étoffé et pas mal d’images d’archives ont été utilisées ce qui rend crédible la part historique du film. En revanche, mieux vaut ne pas s’attendre à un documentaire romancé mais plutôt comme une fresque plutôt efficace sur les débuts de l’ère spatiale. Cela n’a d’ailleurs rien à voir avec la rigueur du documentaire puisque l’humour est omniprésent et les différentes scènes de test que subissent les futurs ‘astronautes-pilotes’ le prouvent. Le spectateur obtient des informations progressivement et par ordre chronologie entre le record à Mach 1 de Chuck Yeager Bell-X1 en 47 et le début de la conquête spatiale avec le Spoutnik, Ham le chimpanzé en 61 puis le fameux programme Mercury. Evidemment, Mercury est un programme spatial de grande envergure mais il ne faut pas oublier, comme il est montré dans le film, que ce sont les Russes qui ont été les premiers acteurs voire les précurseurs en la matière avec deux faits marquants : le Spoutnik le 4 octobre 1957 et le premier homme à voler dans l’espace à savoir Youri Gagarine le 12 avril 1961. En tout cas, c’est tout de même fou de voir les sommes d’argent colossales englouties dans cette course à la conquête spatiale, tout cela pour que les Etats-Unis puissent obtenir simplement une image de marque supérieure face à la menace soviétique en pleine guerre froide. De la même manière, les vols d’essai dans le but de faire des records par des pilotes fondus montrent à quel point -‘Tp Gun’ le montre encore mieux- le budget de la Defense amricaine est balancé par les fenêtres sans grande préoccupation. Pour preuve, Sam Shepard joue les cow-boys ‘à l’arrache’, un chewing-gum en bouche et sans plan de vol… Un peu ridicule et peu crédible donc ! Bref, un bon film peu hollywoodien malgré les apprences et qui reste bien rythmé même si les 3 heures peuvent évoquer le contraire.