Rah moi, les films qui pétrissent les bons sentiments pour faire pleurer dans les chaumières, ça m'exaspère ! Mais bon – heureusement ! – ce n'était pas l’intention « d'Intouchables », qui parvient à montrer le ton qu'il compte adopté dès la scène d'introduction (d'ailleurs très bonne, car très surprenante et très ambiguë). Cet "Intouchables", c'est une comédie toute simple, mais qui entend juste déplacer le curseur du rire là où les comédies toutes simples n'osent pas le placer, et c'est là que se trouve la force de ce film à mon sens. Oser rire de l'handicap, peu s'y risquent. Le faire au travers d'une comédie grand public, je trouve ça encore plus fort. Et j'insiste bien sur l'aspect « grand public » du film, car "Intouchables" ne se veut pas être une comédie satyrique grinçante, un pamphlet social destinée à une bourgeoisie endimanchée qui adore se gausser de ces films qui se moquent ouvertement d'eux-mêmes. Certes, il y a la rencontre de deux milieux sociaux, de deux générations différentes, mais le film entend surtout parler de la rencontre humaine, point barre. L'exercice était casse-gueule car, pour le coup, tout repose sur le coefficient sympathie de chacun des deux personnages. Mais pour le coup, François Cluzet et Omar Sy cassent la baraque. Pour Cluzet, c'était plus ou moins prévisible, car pour ma part j'apprécie vraiment l'acteur, et sa carrière à ce sujet là le précède. Par contre, j'avoue que j'étais beaucoup plus septique sur Omar Sy, ayant un peu peur des limites de son humour SAV, et pourtant : OUAH ! C'est peut-être même pour moi la performance d'acteur de l'année. Il a su composer un personnage entre la caricature attendue du Buddy Movie et quelque chose de beaucoup plus antagoniste. Jamais il n'en fait trop, il parvient à balancer de l'un à l'autre quand il faut, trouvant sans cesse le ton juste. A mon sens, le film lui doit énormément et repose essentiellement sur lui. Après, il ne restait plus qu'à Tolédano et Nakache à savoir faire évoluer le duo sans répétition ni facilité. Il me semble qu'ils ont su le faire car, pas un seul instant, je me suis ennuyé. Certes, parfois ils y vont un peu fort à coup de violons et de pianos, notamment vers la fin, pour faire dégouliner leur film d'émotion. Mais bon, quand un film est pétri à ce point de bons sentiments moi je tolère, j'adhère et je suis. Sans transcender le genre donc, "Intouchables" parvient à faire de la très bonne comédie simple, et rien que pour ça, « merci »...