Certains cartons du cinéma français, même si la qualité laisse parfois à désirer, peuvent quand même s'expliquer. Par exemple, le plus gros à ce jour : "Bienvenue chez les ch'tis". En lui-même, le film n'a rien de l'oeuvre du siècle, mais le personnage principal était un facteur, chose que l'on avait pas vue depuis le "Jour de fête" de Jacques Tati. En 2008, le film de Tati était complètement tombé aux oubliettes. Le public redécouvrait donc le personnage du facteur. De plus, les gens du Nord étaient à l'honneur, ce qui ne s'est que très très rarement vu. Voilà ce qui justifie le carton, malgré la qualité moyenne du film. En revanche, en ce qui concerne "Intouchables", rien, absolument rien ne peut justifier un tel engouement. Cinématographiquement parlant. Tant tout ce qui nous est montré est d'une banalité absolue. Quoi ? Le fait qu'un homme s'occupe d'un homme handicapé ? Désolé, mais on a déjà vu moult fois en bien plus intéressant. Quoi ? Le choc des cultures ? Désolé, mais ça ne prend pas non plus, parce que, encore une fois, on a vu beaucoup mieux et, dans le cas présent, les deux personnages principaux, n'ont aucune culture à faire valoir. On pourra juste déceler un petit contraste sur le fait que l'un est amateur de musique classique et l'autre, de disco. En terme de chocs des cultures, c'est vraiment maigre. Et ce ne sont pas les différences de langage qui viendront donner de l'épaisseur à ça. Moi, je crois que si "Intouchables" a tant cartonné, c'est parce que Tolédano et Nakache ont senti la présence d'un filon désormais bon à exploiter. En ces temps où l'on nous rabâche les oreilles avec la mixité, un film comme celui-ci s'imposait. Il fallait impérativement voir un homme de couleur s'occuper d'un homme blanc. Ce n'est pas un film ambitieux, mais bel et bien un film frappé du sceau de l'opportunisme. Mais alors, pourquoi quand même deux étoiles ? Pour récompenser le jeu de François Cluzet qui contrebalance le jeu très discutable d'Omar Sy et pour récompenser le travail de Tolédano et Nakache quant à la mise en place d'un rythme rapide et régulier. Pour moi, il n'y a que ça pour sauver ces "Intouchables" qui ne me laisseront jamais un souvenir impérissable.