Coucou, c'est moi, Samara ! Vous me remettez ?
Mais si, voyons, la petite fille morte aux cheveux sales qui passe des coups de téléphone depuis l'au-delà pour vous annoncer qu'il vous reste sept jours à vivre. Enfin... seulement si vous avez auparavant visionné ma cassette vidéo maudite que j'ai enregistré sous le coup de la colère suite à ma visite inopinée au fin fond d'un puits (oui, mes pouvoirs mentaux dignes d'une imprimante dernier cri faisaient un peu flipper ma mère adoptive alors elle m'a obligé à suivre un cours de spéléologie en accéléré).
Toujours pas ? Rhoo... J'ai pourtant connu mon heure de gloire dans les années 2000 lorsque j'ai fait subir quelques misères à Naomi Watts et à son fils doté d'une tête encore plus effrayante que la mienne. Bon, après, je vous conseille de regarder plutôt les films japonais originaux où je me fais appeler Sadako, j'y suis bien plus terrifiante, surtout dans le premier. Le remake américain n'avait certes rien déshonorant (et puis ça a permis de faire connaître mon histoire à un large public occidental) mais j'avoue que je n'étais pas vraiment au top de ma forme pour lui et sa suite.
Ah, ça y est, je vois que vous commencez à me reconnaître... Il est vrai que je me suis longuement absentée ces dernières années, la thérapie pour me guérir de ma sale manie de traverser des écrans en me contorsionnant dans tous les sens a pris plus de temps que prévu (et n'a pas vraiment abouti). Il a fallu en plus que je m'habitue à toutes vos nouvelles technologies, sales mortels ! Nan parce qu'avec ma vieille VHS, je ne faisais plus le poids avec vos DVD, Blu-Ray, YouTube et tous vos autres bidules aux noms bizarres.
Mais, aujourd'hui, me revoilà, les cheveux plus degoûtants que jamais ! Je suis tellement remontée comme un coucou qu'on a même mis un "s" au "Ring" du titre, la preuve indiscutable que je ne suis pas revenue pour rigoler avec cette suite/re-remake/reboot, non mais !
Bon, c'est vrai, je fais la maligne et, si vous avez subi mon nouveau film, vous savez bien que je ne devrais pas... Mais, je n'ai pas demandé à me retrouver dans ce truc infâme, moi, hein !!! Et puis, vous auriez pu vous douter que cela n'allait pas être très fameux au vu des multiples reports de la date de sortie, des bandes-annonces horriblement banales et du fait que les producteurs m'en ont réduit à tourner une caméra cachée pour promouvoir le film, ce n'est jamais très bon signe tout ça !
Le pire c'est qu'il y a quand même quelques bonnes idées ici et là pour tenter de relancer l'histoire de ma malédiction (le fait de l'aborder par la science ou un twist inattendu dans la dernière partie) mais, à l'image de la séquence aérienne d'ouverture expédiée en deux minutes montre en main, elles sont abandonnées en cours de route ou terriblement mal amenées. F. Javier Gutiérrez essaie tant bien que mal d'installer un semblant d'ambiance (en gros, photographie ensoleillée quand tout va bien, verdâtre et pluvieuse quand je suis dans le coin) mais le film regorge un tel taux de stupidités que ses tentatives apparaissent rapidement très vaines. En fait, ça se voit qu'il veut retrouver le côté enquête du premier film avec de nouvelles révélations sur mes origines (et ouais, les cocos, vous pensiez tout savoir de ma vidéo ? Ben non, j'avais gardé des scènes inédites sous le coude !) mais ça vire vite au n'importe quoi général vu que l'héroïne qui me poursuit à des visions sorties de nulle part et aussi pratiques que ridicules pour me retrouver avant la fin du film. En plus, le film ressemble beaucoup plus à un nouvel opus sous tranquilisants de la saga "Destination Finale" en en imitant toutes les mimiques scénaristiques (les morts par "accident" aléatoires, les moyens de prolonger sa survie, le personnage principal prophétique,...), à croire que la mythologie de ma franchise n'a plus rien d'original à raconter.
Je vous présente mes plus plates excuses pour cette purge monumentale, j'ai sincèrement honte d'y avoir participé (même si je n'y apparais pas beaucoup au final).
Désolée pour ces jumpscares tous aussi foireux les uns que les autres (essayer de vous faire sursauter avec un parapluie qui s'ouvre, on a touché le fond).
Désolée pour tous ces personnages creux et leurs dialogues insignifiants.
Désolée pour les acteurs qui les interprètent (surtout pour Alex Roe dont les principaux talents sont apparemment de se mettre torse nu et d'enchaîner les navets de compétition, il avait fait déjà très fort avec "La 5ème Vague) et d'avoir entraîné des Johnny Galecki et Vincent D'Onofrio empâtés dans cette galère.
Désolée de ce rythme à endormir tout une légion de comateux paraplégiques.
Désolée pour cet épilogue complètement raté pour espérer annoncer une suite.
Désolée pour tout en fait.
Vraiment.
J'espère vraiment que vous me pardonnerez cette grosse erreur de parcours qui a ruiné ma crédibilité de spectre malfaisant auprès de tous mes collègues de l'Enfer. Maintenant, je vais retourner au Japon que je n'aurais jamais dû quitter pour affronter Kayako, ma pote de "The Grudge" dans "Sadako vs Kayako". Oui, je sais, ce n'est pas bien glorieux mais même les fantômes ont besoin de renflouer leur compte en banque quelques fois...