Tournée des Légendes : focus sur les biopics musicaux ! - Page 8

RAY CHARLES vs. JAMIE FOXX

L'artiste : Ray Charles (1930-2004)

"No more, no more, no more, no more, hit the road Jack !"

Atteint de cécité à l’âge de sept ans, Ray Charles, que l’on surmonnera plus tard "The Genius", apprend le piano ainsi que d’autres instruments (comme le saxophone) au sein d'un établissement spécialisé. Inspiré par le blues et le gospel, il rêve de nouveaux horizons et décide de voler de ses propres ailes à tout juste 15 ans, après le brutal décès de sa mère. Au début des années 1950, le pianiste pose ses bagages à Seattle où il fait la connaissance du producteur Quincy Jones (lequel deviendra par la suite le producteur de Michael Jackson) qui lui met le pied à l’étrier. A la fin des années 1950, Ray Charles devient l’un des artistes majeurs de la soul américaine, avec des succès comme I Got a Woman, What I’d Say et poursuit son ascension dans les années 1960 en plaçant en tête des hits parades Hit The Road Jack ou encore Georgia On My Mind, sur lesquelles sa voix rauque fait merveille. Sa popularité est telle qu’il est le premier noir américain de l’histoire de la musique à toucher à la fois le public noir et le public blanc. Dragueur invétéré, accro à l’héroïne, son image se dégrade à la fin des années 1960 tout comme la qualité de ses compositions avec lesquelles il n’obtient plus que des succès en demi-teintes. Véritable passionné, il continuera a tourner dans le monde entier jusqu’en 2004, année de son décès.

Le film : Ray de Taylor Hackford (2004)

Taylor Hackford, grand passionné de musique, songeait depuis longtemps à se pencher sur le destin hors-du-commun de la star. Ainsi, c'est dès 1987 qu'il acquiert les droits d'adaptation à l'écran de la vie du "Genius". Il effectue ensuite une série d'entretiens avec l'artiste lui-même, afin de poser les bases du scénario. Sorti en 2005, le biopic retrace la période la plus riche de l’artiste de ses débuts à Seattle jusqu'à la résolution de ses problèmes de drogue à la fin des années 1960. Le choix du seul prénom en guise de titre reflète ici l’envie du cinéaste de s’immiscer au cœur de la vie du musicien, tant sur le plan professionnel que familial. Ainsi, l’enfance de l’artiste lorsqu’il n’était pas encore aveugle est représentée par quelques flashbacks au cours d’une narration linéaire respectant l’ordre chronologique des événements qui jalonnent son parcours. Pour incarner l’idole, le cinéaste fait appel à Jamie Foxx. Loin de le caricaturer, l’acteur livre une performance étonnante qui vaut à elle seule le détour.

Récompenses :

Deux Oscars : Meilleur Acteur (Jamie Foxx) - Meilleur Mixage Son

Deux BAFTA : Meilleur Acteur (Jamie Foxx) - Meilleur Son

Un Golden Globe : Meilleur Acteur dans une comédie musicale (Jamie Foxx)

Le Bonus Track : Jamie Foxx facilita le choix de la production, puisqu'il pratique le piano depuis l'âge de trois ans et a même dirigé une petite formation dans son église texane. Ray Charles invita même le comédien à jouer un morceau de Thelonious Monk en duo. A la fin de la performance, le maître a applaudi l'élève !

THE TEMPTATIONS

L'artiste : The Temptations

"What can make me feel this way? My girl..."

Groupe phare de la célèbre maison Motown (laquelle à accueilli les plus prestigieuses stars noires américaines, de Michael Jackson à Marvin Gaye), The Temptations est le fruit de la fusion de deux groupes ou plus exactement de deux chorales de Detroit (The Distants et The Primes) dont Otis Williams, issu de la première, devient le leader, jusqu’à l’arrivée de David Ruffin dont la voix éclatante propulse le groupe vers les sommets. Malgré des débuts difficiles, il faut attendre mars 1965 pour que les Temptations illuminent le monde de la Soul avec leur tube My Girl.  Suivent des titres notables tels que It's Growing ou encore Since I Lost My Baby. Au fil des années, des tensions apparaissent... L’ambiance du groupe se dégrade. Les changements des membres de la formation sont fréquents et finissent par lasser le public. Malgré la mort de leur leader David Ruffin en 1991, le groupe est toujours en activité de nos jours et organise de nombreux concerts en compagnie d’un autre groupe de l'époque, également labelisé Motown, les Four Tops.

Le film : The Temptations de Allan Arkush (1998)

Se basant sur l’autobiographie du chanteur Otis Williams, ce film diffusé sur la chaîne américaine NBC évoque le groupe mythique de la Motown en s’étirant sur plus de trois décennies depuis la création du groupe. Mettant en scène tous les différents membres du groupe, ainsi que de nombreux artistes de leur entourage proche comme Smokey Robinson, The Temptations a dû néanmoins faire face à de nombreux problèmes de production. En effet, l’ex-épouse d’Otis Williams, la mère de Melvin Franklin ainsi que la famille de David Ruffin ont intenté un procès contre la chaîne NBC, la maison Motown ainsi que le chanteur Otis Williams pour diffamation et atteinte à l'image. Les juges ayant statué en faveur des accusés, le film a finalement pu se faire pour le plus grand bonheur des nostalgiques et amateurs de Soul.

Le Bonus Track : Le film a été tourné à Pittsburg, et non à Detroit d’où sont originaires les membres originels des Temptations.

TINA TURNER vs. ANGELA BASSETT

L'artiste : Tina Turner (1939-....)

"Simply the best !"

Elle est l’une des dernières légendes de la Soul encore en vie. Sa crinière de lionne, ses jambes interminables, son énergie et ses performances vocales ont fait de Tina Turner une icône de l’univers musical. Découverte à l'âge de 16 ans par le rockeur Ike Turner (qu'elle épouse en 1962), elle créé avec lui un duo incontournable, le Ike & Tina Turner Revue, qui fera fureur dans les années 1960 et 1970 avec des titres comme A Fool in love, River Deep Mountain High ou encore une version magnifiée de Proud Mary, morceau emprunté au groupe Creedence Clearwater Revival. Dans les années 1970, son mariage avec Ike bat de l’aile, ce qui amène le couple à se séparer. Elle confiera plus tard avoir été victime de violence physique de la part de son ex-époux... La star se fait alors plus rare, puis revient tambour battant dans les années 1980 avec deux tubes qui vont littéralement faire le tour de la planète : What’s Love Got to Do With It et Simply The Best. On l’aperçoit sur scène avec les plus grands (Mark Knopfler, Mick Jagger, Eric Clapton) et même dans les salles obscures pour Mad Max III, dans lequel elle tient un rôle. Tina Turner signe également la bande originale du film GoldenEye en 1995 qui l’emmène de nouveau aux sommets des hits parades.

Le film : Tina de Brian Gibson (1993)

Adapté de l’autobiographie "I Tina", le biopic de Brian Gibson se penche sur les jeunes années de la star et principalement sur la relation tumultueuse qu’entretient Tina Turner avec son compagnon Ike. Sans s’attarder sur son parcours professionnel et son influence musicale, Tina se veut avant tout un portrait intime de la chanteuse, ce qui lui vaut quelques reproches de la part de ses fanatiques, lors de sa sortie. Côté casting, Angela Bassett se glisse de manière fort convaincante dans la peau d’une Tina fragile, en proie à la violence de son mari Ike (Laurence Fishburne). Les deux comédiens seront récompensés par une nomination aux Oscars. Précisons également que tous les morceaux de la bande originale du film sont interprétés par la véritable artiste, certains ayant été tout spécialement ré-enregistrés pour les besoins du film.

Récompenses :

Un Golden Globe : Meilleure Actrice dans une comédie musicale (Angela Bassett)

Le Bonus Track : La comédienne Halle Berry et la chanteuse Whitney Houston ont également passé le casting pour incarner le rôle de Tina Turner.