Indiscutablement inégal, c'est pourtant la satisfaction qui prône à la fin de ce « Gormenghast ». C'est qu'Andy Wilson a jugé utile d'y intégrer un humour peu maîtrisé voire lourdaud, abaissant de manière regrettable le niveau de l'intrigue. Heureusement, ce défaut est surtout présent dans les deux premiers épisodes, la (mini-)série accélérant clairement niveau tension dramatique, le tout porté par quelques scènes particulièrement dures, permettant de rendre parfois inattendu la teneur du récit. Dommage également qu'un trop grand nombre de personnages secondaires viennent parfois polluer les enjeux et les thématiques de l'œuvre, mais là encore ces défauts s'amenuisent dans la seconde moitié, certaines figures nous restant même agréablement en mémoire. On pense notamment aux étranges sœurs Cora et Clarice, mais aussi au Professeur Fluke, l'un des rares traits de comédie vraiment réussis. Côté casting, tout n'est également pas du même niveau : si Christopher Lee s'avère assez décevant, Ian Richardson est excellent, Stephen Fry honorable et Neve McIntosh charmante dans un rôle plus complexe qu'il n'y paraît. C'est toutefois incontestablement Jonathan Rhys-Meyers qui recueille l'ensemble des suffrages en livrant une prestation saisissante d'un ambitieux patient, ô combien cruel et pourtant parfois presque touchant. Le résultat est globalement plaisant, parfois agaçant, mais suffisamment créatif et prenant pour que l'on se laisse tenter : comme souvent chez la BBC, de la télé de qualité.