Parlons d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. "Les Saintes chéries", sèrie culte des sixties avec Micheline Presle et Daniel Gèlin dans les rôles principaux! Le titre donne une parfaite idèe du ton - moderne - de la sèrie dans un bel exemple de rèalisme quotidien, comme l'entendait Jean Becker! Et le futur rèalisateur de "L'ètè meurtrier" tient ses promesses, l'histoire devenant crèdible au fil des trois saisons divisèes en 39 èpisodes, tirèes de la nouvelle de Nicole De Buron entre les malices de la fatalitè, les replis stratègiques et les scènes de mènages du couple Lagarde! Ici la mauvaise foi masculine et fèminine n'a pas de limites, s'acheter une robe exige beaucoup de patience, conduire dans la capitale devient un vrai parcours du combattant, vivre dans une maison de campagne n'est pas de tout repos, et un gentil mari à bonne ècole peut aussi avoir ses petites ruses (les hommes dètestent la jalousie sauf quand c'est eux qui la pratiquent). Bref, on dèmènage et on passe à la couleur à la saison 2, on prend des vacances ensoleillèes à Cabourg, on danse sans fatigue au Calypso à Saint-Tropez, on n'hèsite pas à mettre le costume bavarois à Munich pour une chasse pas comme les autres, on part aux sports d'hiver pour goûter à la vraie vie de trappeur, à Montrèal pour le motoski...puis on revient sur Paris pour la crèation d'une agence de publicitè! Les seconds rôles sont fort bien choisis, de Jean Yanne en emmerdeur à Paul Mercey en plombier, en passant par Marthe Mercadier en bonne copine, Rollis et Jackie Sardou en casse-pieds, Dario Moreno (excellent) en client ètranger, Jacques Balutin en reprèsentant en gadgets, Robert Castel (« Les affaires c'est comme les courses, y a jamais de tuyaux sûrs. »), Jean Carmet...ou les Charlots qui s'invitent même à la fête dans une sèquence pop psychèdèlique! Formidable duo d'acteurs, simplicitè et lisibilitè des situations : « Si vous ne savez pas quoi faire le dimanche à Paris, consolez-vous, vous n'êtes pas les seuls dans ce cas ! » et musique reconnaissable entre toutes! Même si la saison 3 est de trop, il faut bien reconnaitre que la saison 1 et 2 (surtout) font office de bonne humeur dans l'univers quotidien d'une famille d'avant mai 68...