(...) Bien que bénéficiant d’une renommée modérée dans le monde des séries, souvent considérée à tort comme une série d’ados, Supernatural possède pourtant des mérites certains, l’amenant à atteindre une qualité qu’il aurait été impossible de prévoir à son commencement.
Supernatural, c’est d’abord l’histoire de deux frères, celle des Winchester, qui après la mort brutale de leur mère dans des circonstances affreuses, deviennent des chasseurs comme leur père : à la recherche d’événements étranges, surnaturels, qu’ils identifient et éliminent.
(...) Deux tempéraments opposés. La force et l’intelligence. Une équipe efficace, ce qui n’empêche pas de nombreux conflits, exacerbés par leur relation entre frères.
La série parvient à concocter un mélange de ton étonnant. Des épisodes peuvent se montrer très sombres, d’autres complètement décalés, et la plupart du temps les deux à la fois.
(...) La série jouit d’une réalisation maîtrisée, tant au niveau de l’horreur que du suspense que du jeu d’acteur. Elle bénéficie également d’un bel habillage musical, orienté rock, tel « Carry On Wayward Son » véritable symbole de la série qui revient à chaque premier et dernier épisode .
Les menaces sont nombreuses et variées. Vampires, loups-garous, djins, métamorphes et autres monstres variés du folklore, démons, esprits, magie noire, malédictions, divinités en manque de sacrifices humains… avec à chaque fois des méthodes propres pour les combattre : exorcisme, sceau de protection, armes spéciales, sel pour éloigner les démons, balles d’argent pour les loups-garous, ou encore brûler les cadavres des esprits.
(...) Durant les deux premières saisons, les épisodes sont majoritairement indépendants, même si une mythologie se met lentement en place (retrouver leur père, connaître le plan du démon aux yeux jaunes). Dès la saison 3, la mythologie prend plus de place (combattre Lilith) pour devenir prépondérante (empêcher la venue de Lucifer, éviter l’Apocalypse). La saison 4 voit ainsi les réponses arriver, les plans du démon aux yeux jaunes, sa présence lors de cette nuit fatidique… Cette saison accueille également un élément clé de la série : les Anges. Mais ces anges là n’ont rien à voir avec de gentilles créatures divines avec une auréole sur la tête.
(...) La saison 4 place ainsi les pièces de l’apocalypse destinée à s’accomplir. Le combat final entre le Bien et le Mal, au détriment de l’humanité, avec au milieu les deux frères, face à des rôles prédestinés qu’ils rejettent.
(...) Les cinq premières saisons ont été pensés à l’avance, ce qui est appréciable et ce qui manque à certaines séries.
(...) La décision de continuer au-delà de la durée prévue pouvait s’avérer discutable, tant une telle décision est bien souvent le signe du déclin, mais les créateurs s’en sont bien tirés. Ils ont prolongé la mythologie tout en la respectant, faisant de Crowley un personnage incontournable. Ils sont parvenus à se renouveler malgré le nombre de plus en plus important de saisons, une prouesse pour une série mythologique, et à conserver une fraîcheur suffisante.
(...) La saison 6 s’avère même l’une des meilleures saisons, avec plusieurs rebondissements surprenants, plusieurs intrigues liées regroupant à la fois les démons, les anges et les monstres. Certes, on ne retrouve plus cette cohérence qui s’étalait d’une saison sur l’autre. Certaines intrigues sont plus faibles que d’autres, comme les Léviathans dans la saison 7 (la saison la plus faible).
(...) Les scénaristes ont pris l’habitude de régulièrement supprimer les personnages devenus récurrents, occasionnant de nouvelles épreuves aux deux frères qui se retrouvent à chaque fois seuls. Une tendance qui permet certes d’apporter de nouvelles têtes –comme la géniale geek lesbienne jouée par Felicia Day- et d’émouvoir, mais peut-être parfois un peu trop poussée.
(...) Mais tant que la qualité se maintient, nous sommes demandeurs ! De toute façon, comme l’a dit le Prophète, « les fins sont toujours difficiles à écrire, car les fans ne sauront jamais satisfaits »