Au moment où j’écris ses lignes, cela fait un an que Johnny Hallyday a disparu. Je n’étais pas spécialement un fan mais je respecte la carrière qu’il a eu surtout que je lui dois quelques bons souvenirs cinématographiques et audiovisuel, que ce soit pour le meilleur ou pour le pire. Pour lui rendre hommage, j’avais envie de me remater sa série « David Lansky » qui de mémoire était déjà bien kitsch à l’époque. Ça tombait bien puisque justement, j’ai réussi à me procurer les dvd pas trop cher.
Que dire ? Je pense que juste en lisant le synopsis de cette série, on a déjà une petite idée du spectacle auquel on va assister. On est typiquement dans la série policière française de la fin des années 80, début des années 90. Tous les ingrédients sont là (on croise même certains que l’on reverra plus tard dans « Julie Lescaut » et autres « Navarro »…) et Johnny Hallyday se fait plaisir en étant la star de cette oeuvre où il va pouvoir jouer la bonne grosse caricature du flic hollywoodien sans aucune finesse.
On ne va pas se mentir, c’est bourré de stéréotypes, d’imperfections et de maladresses. Déjà pour l’époque, ça ne volait pas très haut je trouve mais l’équipe se fait plaisir. Tous les clichés passent : la triade chinoise, la mafia, les journalistes, les politiciens, la femme en détresse… Même l’équipe de David Lansky est une caricature ambulante avec un noir, un arabe, un chinois et Johnny Hallyday en chef de troupes. On dirait le début d’une mauvaise blague, on a même les clichés racistes qui passait déjà mal à l’époque pour certains (« Hong Kong sur Seine » fut très décrié par la communauté chinoise ce que je peux comprendre aisément).
Quatre épisodes, pas plus fautes d’audience mais quatre épisodes suffisamment riche pour en faire une parodie, un Scary movie de la série policière française avant l’heure. « Hong Kong sur Seine », « Le gang des limousines », « Prise d’otages » et « L’enfant américain ». Même les titres des épisodes sonnent peu crédible.
Mais je savais à quoi m’attendre et c’est peut-être pour cela que j’ai passé un bon moment. C’est tellement risible dans ses clichés, que ça en devient drôle puis Johnny Hallyday semble vraiment s’amuser comme un gamin, cela en devient presque communicatif. Personnellement, j’ai une petite préférence pour « Hong Kong sur Seine » surtout parce que c’est le meilleur condensé de la série. C’est le plus rythmé, celui qui joue le plus à fond la carte de la surenchère à mes yeux, le plus efficace malgré toutes ses maladresses. Avec le recul, je ne peux m’empêcher d’avoir une certaine tendresse pour cette série qui rend nostalgique d’une époque télévisuelle révolue (en bien ou en mal, chacun se fera son avis).
Comme je le disais, devant la caméra, la star, c’est Johnny Hallyday (David Lansky). C’est lui le principal intérêt de cette série. Comme toujours, j’éprouve une certaine sympathie envers le jeu d’acteur de l’artiste. Il n’est pas foncièrement bon mais on sent une sincérité dans la démarche et une envie de bien faire, c’est juste que l’envie ne fait pas tout. Fort heureusement, Johnny Hallyday a un charisme indéniable. Il remplit l’écran et on se laisse facilement suivre pour peu que l’on adhère au délire. Tout est fait pour le mettre sur un piédestal, il en profite et je reconnait que cela m’amuse beaucoup.
Derrière, le reste de la troupe suit en faisant de son mieux pour ne pas se faire écraser par le leadership de Johnny Hallyday. Mouss (Mouss) est sans doute celui qui s’en sort le mieux. Un brin énervant au début, on s’attache au final très vite à ce personnage qui ne semble pas vraiment à sa place. Jean-Paul Pitolin (Fantasio) est lui aussi sympathique mais il peine quand même à exister sauf peut-être dans l’épisode « L’enfant américain ». Quant à Jean-Marc Truong (Tchang), il est bien trop transparent pour vraiment vivre dans ce groupe au point que par moment, on n’en oublie même sa présence mais le quota de caricatures est respecté à défaut d’être justifié.
Sinon, il y a aussi André Wilms (Brunoy) qui est un peu ridicule à force de jouer dans la surenchère du Commissaire divisionnaire toujours à côté de la plaque. C’est aussi le cas de Maurice Barrier (Angelo) dont le personnage haut en couleurs aurait pu apporter pas mal de choses drôle avant de virer au final dans le grotesque. Reste Éléonore Hirt (Denise), la concierge un peu spéciale voir angoissante par moment mais qui livre une amitié aussi touchante que prévisible avec David Lansky.
Il y a du monde qui passe sinon dans ses quatre épisode. Celle que je retiens le plus, c’est Véronique Genest. Ce n’est pas vraiment pour ses talents d’actrices mais surtout parce qu’elle semble être dans son élément. On la voit à l’écran maintenant et on se dit que l’on aurait presque pu faire un crossover avec « Julie Lescaut ». Patrick Braoudé est celui qui m’as le moins convaincu. Il ne joue pas plus mal que les autres, c’est juste que son rôle ne semble pas du tout taillé sur mesure pour lui.
A la réalisation, Hervé Palud semble lui aussi bien s’éclater. On a le droit là encore à tout les stéréotypes du genre. Le gros flingue face caméra, les plans filmé au ras du bitume et les cascades qui se veulent imposante mais qui font quand même pas mal sourire. Je ne me remets pas encore de la scène de la laverie avec Johnny fonçant en moto sur une roue ou encore celle de la casse de voitures où l’on accélère l’image pour donner une sensation de rapidité qui ne prends pas.
Après, si l’on rentre dans le trip, la série se regarde assez vite. Quatre épisode de chacun 1 heure 15 à peine et emballé, c’est pesé. On réussit quand même à avoir quelques temps morts (surtout quand l’on veut faire naître une émotion qui de toute façon n’est jamais crédible) mais honnêtement, je me suis tellement marré devant qu’en une soirée, j’avais fini cette courte intégrale. Même la musique fait ultra kitsch. Je suis sûr que si l’on tend bien l’oreille, on entendra en fond un « Navarro, j’écoute !!! » que les puristes apprécieront.
Pour résumer, « David Lansky » n’est pas la série révolutionnaire et voir qu’elle s’est arrêté faute d’audience après quatre épisodes n’a rien de bien surprenant. Son principal intérêt, c’est Johnny Hallyday qui s’amuse comme un gosse à faire une caricature de flic et moi, comme un gosse, ça m’amuse. Tout est tellement maladroit, que j’en éprouve une certaine tendresse. Peut-être pas au point de me la mater en boucle mais suffisamment pour avoir pris du plaisir à la revoir. En condition, j’ai vu ça comme une grosse parodie. Je l’ai peut-être vu le bon soir, au moment où il fallait, j’en sais trop rien mais je ne peux expliquer le plaisir que j’ai pu éprouver devant cette série qui m’a fait passé un bon moment, aussi mauvaise soit-elle.
Mr Vladdy – 17 décembre 2018.