Laissez tomber la version américaine, rien ne vaut l'originale ! Trés bonne série donc, avec une bonne dose d'humour et de cynisme, mais qu'il faut avoir regardé juste une fois en VO pour admettre que nous les français on ne parle pas un traitre mot d'anglais (même si certains sont persuadés du contraire). Heureusement que la VF est plutôt bien doublée, même si l'ambiance est forcément un peu différente. Pour ce qui est du contenu, il y en a pour toute la famille, à condition que vous soyez une famille avec un minimum de réflexion et de liberté de parole... C'est un peu le but de cette série d'ailleurs, savoir aborder des sujet graves à tous les ages et avec une bonne dose de dérision. Certains moments sont du pur délire, plutôt à destination des adultes, tandis que d'autre sont plus centrés sur les problèmes des ados, des enfants, ou de la famille en général. C'est dans cette dernière catégorie que la série dévoile son principal défaut, la tendance au déballage de bons sentiments quand un thème abordé rencontre une impasse. Ca reste quand même assez ponctuel, et la série ne manque pas d'auto-dérision à ce sujet : amateurs du 12eme degrés, vous serez servis. Il faut s'y attendre et le poisson peut mettre un certain temps à sortir de la roche. Des fois c'est sans équivoque et la chute tombe à la fin de la scène elle même, ce qui vous libère de toute arrière pensée pour le restant de l'épisode. Mais des fois c'est bien plus tard, après le générique, dans une petite scène de quelques secondes qui donnera l'éclairage nécessaire pour transfomer les passages les plus dégoulinants de l'épisode en véritables petits bijoux d'immoralité. Dans les cas extrêmes il vous faudra attendre plusieurs épisodes pour comprendre, comme l'histoire entre Frank et Sheila Jackson qui est tout sauf une romance et s'avère être un véritable marché de dupe. Le scketch peut même s'étaler sur plusieurs saisons avant de savoir où on voulait nous amener, je pense par exemple au cas Lillian Tyler... Je n'en dis pas plus, ceux qui ont vu savent, et ont du bien se marrer, ça donne un regard très différent sur son attitude et les propos qu'elle a tenus dans les épisodes précédents ! Quand je vous dis que c'est du 12ème degrès... L'humour anglais, on apprend à aimer, mais on ne s'y fait jamais totalement. Bref, c'est pas toujours évident de faire le tri, et il y a des scènes qui se veulent sérieuses mais qui plombent totalement la série. Pour être honnête ça m'est arrivé de finir un épisode en me disant "putain non je le crois pas, alors ils déconnaient pas là ?...", et de regretter qu'un épisode soit ainsi gâché par un tel étalage de bons sentiments. Mais bon, il en faut pour tout les publics et j'ai fini par comprendre le pourquoi un peu trop tardivement. En réalité Shameless est... un soap. A l'anglaise, mais un soap quand même. Ceci explique cela. Les anglais ont une conception particulière du soap (type coronation street, life to mars), conception qui est très différente de celle des soap américains ou français (les feux de l'amour, plus belle la vie, et tout ce qui s'en suit). Ce qui fait qu'un soap anglais peut passer pour une série "normale" chez nous et même s'imposer comme une très bonne série. Ce travers est largement rattrapé par ailleurs, vous l'aurez compris, donc je ferme les yeux volontier même si ça fait forcement redescendre la note. Comme on dit, qui aime bien châtie bien. Au final cette série m'a quand même sérieusement accroché, et je l'ai suivie pendant quelques d'années, bien qu'elle ait fini par s'épuiser passées les 3 premières saisons (après le départ de Kev et Veronica, mieux vaut passer votre chemin).