La série La Femme Nikita compte parmi les séries les plus intenses et originales que j'ai pu voir en 40 ans d'existence (et des séries, j'en ai vu !). Cette série est d'une qualité bien supérieure au film de Besson (qui est terriblement plat et fade à côté... et qui sonne épouvantablement français !) et à la série qui a suivi.
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La Femme Nikita va loin, très loin : les acteurs jouent avec une justesse incroyable.
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.. Peta Wilson (NIKITA) a un jeu qui va de sa gestuelle à ses yeux... Les émotions qui la traverse traversent également l'écran pour nous toucher en plein coeur. Ses yeux se remplissent de peine ou de haine, et on reçoit et l'on comprend le message, ce que ressent son personnage. Elle le joue si incroyablement juste, qu'on se demande si elle ne ressent pas réellement ce que son personnage ressent. C'est bouleversant.
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Peta Wilson a une forte personnalité (rien à voir avec la Nikita de Besson ou celle de la série qui a suivi !) et son personnage est un personnage à la fois fort et sensible...
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.. Roy Dupuis (MICHAEL) a un jeu encore plus complexe car, contrairement à Nikita, Michael est un personnage qui doit cacher ses émotions pour survivre dans cet enfer de la section 1.
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Quand on connaît Roy Dupuis dans Les Filles de Caleb et dans les interviews télé qu'il a données, on est frappé par l'énorme différence de tempérament avec Michael et l'on réalise combien Roy Dupuis joue incroyablement bien.
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Michael, encore une fois, a bâti des murs autour de lui, pour se protéger.
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Roy Dupuis, qui est de nature si volubile, vivante et en couleur campe ici le rôle d'un personnage froid, peu loquace, cachant ses émotions, de couleur sombre et graves. L'exact opposé de Nikita.
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En jouant Michael Samuelle, Roy Dupuis joue un personnage qui donne toutes les apparences de quelqu'un de froid, d'imperturbable, une vraie machine, mais c'est dans ses yeux que tout se passe et l'on sent, à travers eux, toute la sensibilité que son personnage refoule ou cache pour rester en vie dans un milieu d'une dureté incroyable, où la moindre faiblesse peut causer votre perte. Car n'importe qui ne trouvant pas les armes pour se protéger dans la section 1 n'a qu'une seule issue certaine : la mort. La mort donnée par Operations et/ou Madeline, les dirigeants de la section, par le camps ennemi (même si on ne sait rapidement plus très bien s'il est celui que la section combat ou s'il est la section elle-même), ou par lui-même, suicide.
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.. Bruce Payne (JURGEN) campe un peu le même type de personnage que Michael. Jurgen a du, lui aussi, simuler une absence de sensibilité et d'émotions pour survivre à la section, mais à la différence de Michael, qui met en avant un tempérament froid et calme, Jurgen met en avant un comportement froid et nerveux. Jurgen est tout en tension et en nerfs... enfin, pas tout, puisque c'est ce qu'il montre de lui pour se protéger, mais on découvre que c'est également quelqu'un d'assez sensible. Pour se protéger, il a du se forger cette carapace redoutable. Il a même perdu l'habitude de sourire, et lorsqu'il s'y essaie, il grimace. Cette dureté illustre justement toute la souffrance intérieure de ce type, celle qu'il ne laisse jamais voir à personne, sauf un court moment à Nikita, à la fin de sa vie.
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.. Don Francks (WALTER) est au mieux de sa forme et joue impeccablement.
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.. Matthew Fergusson (BIRKOFF) est le choix parfait pour incarner le geek : son physique d'ado à peine sorti de l'enfance, avec les rondeurs de ses joues et ses yeux un rien naïfs, il colle parfaitement au personnage qui n'a pas beaucoup vécu en dehors de ses ordinateurs, de ses programme, et qui a toujours un peu vécu dans les jupons de sa carte mère... Seymour Birkoff est donc resté un peu coincé entre deux âges. Celui de l'enfance et de l'adolescence.
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.. Alberta Watson (MADELINE) joue un personnage doté d'une élégance et d'un flegme très britanniques. Elle est sensible, mais en même temps impitoyablement froide et se montre souvent capable de bien des horreurs qu'elle commet avec plaisir et de sang froid, ce qui rend le personnage de Madeline assez déroutant car très contradictoire, mais ses contradictions forment un tout qui est très cohérent, et c'est ce qui surprend avec lui. Madeline est capable d'assassiner froidement quelqu'un et de souffrir en pensant à sa mère malade, sénile et seule, de ressentir la douleur de sa culpabilité vis-à-vis de sa soeur tuée en tombant du haut d'un escalier à la suite d'une dispute avec elle.
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Madeline est une tête dans tous les sens du terme. C'est très probablement elle qui dirige vraiment la section même si Operations semble en être le chef ultime de prime abord. Madeline tient à Operations, elle l’admire, et peut-être même l’aime… En tous cas, elle a besoin de lui pour exister. On le sait quand Operations est mortellement blessé par un agent devenu fou dans cette section cauchemardesque. Madeline ordonne au médecin de sauver Operations « Faire de son mieux ne suffit pas, vous devez faire davantage. Faite l’impossible, et si l’impossible ne suffit pas, faites l’impensable, car si vous ne le sauvez pas, j’ordonnerai immédiatement votre annulation ! » (ou quelque chose de ce genre
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Madeline est dotée d'une extraordinaire compétence en psychologie, et c'est elle, et elle seule, qui peut influencer les décisions d'Opérations. Elle est donc au sommet du pouvoir à la section.
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.. Eugene Robert Glazer (OPERATIONS) incarne un personnage froid, nerveux, autoritaire et manipulateur, le genre qui parle sans jamais desserrer les dents.
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Sa faiblesse ? Madeline. Il en est éperdument amoureux.
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Sa crainte ? La perte du pouvoir. Le pouvoir est l'objectif unique de sa vie, et plus il en a, plus il veut en avoir. Son ambition n'a d'égale que son extrême dureté. Il considère les agents de la section comme du matériel et n’hésite pas à les « annuler » si ceux-ci ne sont pas à 200%
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Operations est convaincu que la fin justifie toujours les moyens et il est capable de véritables atrocités dès lors qu'elles servent son intérêt dans sa quête du pouvoir absolu. On a parfois l'impression qu'un combat silencieux a lieu entre lui et Madeline. Celle-ci le laisse généralement croire qu'il a le pouvoir alors qu'elle domine Operations sans même en donner l'air. Mais il s'agit presque d'un combat entre alter-égo.
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L'enfer de la section, c'est Operations qui en est à l'origine, mais ce n'est pas lui qui a créé la section, c'est Adrian. C’est elle la mère de la section.
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La Femme Nikita est une série qui, tout en ayant des scènes d’action, joue beaucoup sur la psychologie, l’émotion et la subtilité.
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Souvent des dilemmes cruciaux sont posés et il n’est pas toujours aisé d’y répondre, mais de manière générale, on peut dire que le thème de la série c’est le pouvoir et la question qu’elle pose est « La fin justifie-t-elle les moyens ? »
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Beaucoup de personnages ont un aspect double, il en va de même pour le propos de la série : Opérations a établit à la section une atmosphère insupportable où la moindre hésitation, la moindre vulnérabilité, le moindre doute peut être un motif d’annulation.
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Mais Operations fait-il cela par sadisme, par soif de pouvoir, comme je l’ai dit, ou le fait-il cela parce que les adversaires en face ne sont pas moins cruels et que la moindre faille peut être, pour eux, une brèche qui tuerait toute la section en plus de l’agent en question ?
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Sans doute un peu des deux.
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En d’autres termes, est-ce qu’ Operations ne vaut pas mieux que les ennemis de la section ou sont-ce eux qui ne valent pas mieux que lui ?
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Operations a-t-il raison d’agir comme il le fait avec les agents de la section, pour les protéger eux et l’ensemble de la section, et grâce à eux, le monde entier ou au contraire, ce qu’il fait est monstrueux et est inacceptable, quelqu’en soient les raisons ?
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Comment répondre à une telle question ?
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Walter avait expliqué, un jour, à Nikita « Il faut voir la section comme un organisme vivant qui fait et fera tout ce qui est nécessaire à sa survie ». Cette phrase est-elle la clé ?