Biopic romancé cette série exploite le potentiel de l'histoire de Rocco Siffredi pour proposer une réflexion plus universelle. D'abord récit initiatique, l'intrigue illustre la difficulté à trouver et à assumer identité ou voie, face aux conventions sociales, aux pressions familiales, aux jugements extérieurs - ce que divers personnages expriment avec délicatesse ou en silence sans pathos. Présentant des protagonistes ou seconds rôles attachants par leurs traumatismes celés, leurs failles refoulées, leurs aspirations fantasmées, la réalisatrice rappelle la quête de sens, d'écoute et surtout d'amour qui habite même - surtout?! - le roi du porno, incarné avec force et fragilité par Alessandro Borghi. D'ailleurs la plongée dans ce monde hyper sexualisé symbolise en microcosme la réalité des rapports sociétaux à plus large échelle en interrogeant l'essence du désir, du respect du corps et du sentiment ultime. Car même les scènes de sexe (évidemment récurrentes) révèlent des aspects de la personnalité du héros ainsi que des caractéristiques de son univers professionnel. Et au traitement réaliste sans voyeurisme s'ajoute une réalisation qui joue de détails et de dialogues emplis de sous-entendus sans nécessité d'explicite alourdissant, la musique même se faisant un élément d'interprétation. A travers les trajectoires des Tano, de leurs proches, de leurs ennemis se dessinent des psychologies complexes qui échappent à tout manichéisme et à tout jugement. Suivant une narration en flash-back qui permet de revenir aux sources du pouvoir phallique évoqué, la mise en scène suit le cheminement d'un enfant dont le super-pouvoir résidait en une spécificité anatomique couplée à une addiction honteuse puis celui du jeune homme vendu pour son animalité charnelle qui va se départir de ses influences, de ses fausses croyances, de son vernis commercial pour comprendre l'essence du rapport véritable à l'autre. Tout le reste, c'est du porno...