Je me suis tenté à regarder ce cop show des plus classiques, principalement pour revoir la charmante Juliana Canfield (Y, The Last Man).
Et c'est par ce hasard que je tombe sur l'une des meilleures séries policières de ces dernières années.
Et pourtant la série n'invente rien : on suit les enquêtes d'inspecteurs de la police de New York, au travers de plusieurs faits divers.
On sent dès le début le rythme lent, l'absence de sensationnalisme, de volonté d'épater la galerie par des scènes d'actions ou de violence. Ici, tout est posé, tout est dans la subtilité, à l'image de la musique du générique, signé Hans Zimmer, délicate, en sourdine. Ce thème musical est réutilisé plusieurs dans chaque épisode, sans jamais donner d'effet de répétition.
La mise en scène est soignée, on suit au plus près les 3 enquêteurs du commissariat, les plans de caméras sont toujours sobres et magnifiques. Il y a une volonté d'utiliser la ville de New York comme décor naturel, dans ce quartier de Brooklyn, théâtre naturel de drames humains de notre société.
La série ne s'abaisse jamais à faire du drama soap, on entraperçoit la vie privée des enquêteurs uniquement pour mieux comprendre leur psychologie, sans jamais s'y attarder.
J'ai adoré le parti-pris de cette série : des inspecteurs qui n'ont rien de génies, se posent des questions, émettent des hypothèses et doutent très souvent, se remettent en question à chaque nouvelle information, à chaque nouveau compréhension de la vie d'un suspect ou d'un témoin.
J'apprécie beaucoup l'idée que les personnes d'intérêts dans les enquêtes ne livrent jamais toutes les informations cruciales à la police, "they're whithloding", il se gardent de révéler des détails de la vie de la victime ou d'un témoin.
Les enquêteurs sont toujours des personnes prévenants, et prennent soin des témoins et des suspects, on n'assiste jamais à des menaces ou des bavures de la police : il n'y a pas de justiciers en ville.
Le seul objectif des policiers est de comprendre, pas remplir des prisons ou de livrer des suspects aux médias.
Le casting est une grande réussite, même pour les rôles très secondaires.
Le rôle-titre d'Avraham est joué par l'acteur israélien Jeff Wilbusch, ce qui est juste pour jouer un inspecteur juif pratiquant et qui considère que c'est son devoir religieux et moral d'aider la société, il joue un personnage à fleur de peau, trompe-la-mort, toujours hanté par le meurtre de son père lors de son enfance.
On retrouve l'atout charme de la série, Juliana Canfield, jouant Janine, une inspectrice débutante, qui décide de faire équipe avec Avi, car c'est le meilleur inspecteur du commissariat.
L'actrice apporte de la fraîcheur, une certaine joie de vivre dans cet univers assez sombre, tout en jouant un personnage fort, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds et avec des principes moraux tranchés.
On trouve des acteurs charismatiques et impliqués dans leurs rôles : l'inspecteur Earl (Michael Mosley), le SDF écossais John (Tony Curran), le père aigri Leonard Conte (Steven Pasquale), l'apprenti-écrivain trouble Zack Miller (Noel Fisher), le bon père de famille Paul Serra (Chris Sullivan) ou le millionnaire Peter Hanney (Matthew Del Negro).
Cette série se démarque sans peine de ses concurrents, le naturel qui s'en dégage, les réflexions psychologiques, les questionnements des inspecteurs, la touche de finesse et de subtilité qui imprègne tout l'ensemble et se marie parfaitement à son histoire et sa direction artistique.