Mike Flanagan revient enfin avec cette fois-ci, son adaptation moderne des œuvres de Edgar Allan Poe. Mais contrairement à ses précédentes créations, La Chute de la maison Usher est une grosse déception.
L’idée de départ est plutôt maligne, celle de mélanger les histoires courtes de l’auteur pour en livrer une série ample. Sauf que bizarrement, la sauce ne prend pas. Je dis ‘bizarrement’ car la série réunit tout de même deux choses supers : Mike Flanagan et Edgar Allan Poe, là encore sous-poudrée d’épouvante. Mais alors, pourquoi est-ce que cette fois-ci, pour la première fois, Mike Flanagan passe-t-il complètement à côté ?
Il faut sûrement regarder du côté des personnages. Là encore, le créateur nous livre un ensemble de protagonistes. Le petit (grand !) problème ici, c’est qu’ils sont tous extrêmement antipathiques. Ainsi, on ne s’attache à absolument personne dans cette galerie d’héritiers et dirigeants d’une entreprise pharmaceutique amenés à mourir les uns après les autres. En fait, seuls 4 personnages de la famille Usher ont notre sympathie. Même s’ils sont un atout parfois essentiel pour l'histoire, on ne peut pas dire qu’ils aient tous une place importante dans le récit. Car cette place est laissée aux autres, ces crétins finis pour qui on se réjouit à chaque assassinat. On peut éventuellement regretter le meurtre Spoiler
de Camille L’Espanaye
qui arrive bien trop tôt dans la série et qui apportait une petite touche d’irrévérence et d’humour.
Aussi, même si l’on devrait se réjouir du retour des acteurs fétiches de Flanagan, force est de constater qu’ils ne parviennent pas à insuffler autre chose qu’une ribambelle de clichés propres à leur personnage (pardon mais Mark Hamill est ici d’un ridicule avec sa voix cassée). La faute peut-être à une écriture bien en-deçà de la part de Flanagan qui, jusque-là, nous avait gratifié de superbes protagonistes ! Ici, le réalisateur/ scénariste semble avoir perdu (pour cette fois seulement, on l’espère) sa verve. Beaucoup trop d’allusions et de discours sur le sexe, la drogue et le pouvoir car, vous comprenez, cette famille est vraiment très méchante ! On a la sensation de découvrir la première série d’un ado désireux de raconter ses différentes expériences de la vie. Mais tout cela ne semble mener à rien dans l’histoire. La caractérisation des personnages en devient simpliste et manichéenne là où les Hill House, Bly Manor et Sermons de Minuit offraient plus de nuances.
Ainsi, on enchaîne les meurtres et chaque épisode avec indifférence, voire ennui, finalement content que ces idiots disparaissent les uns après les autres. Puis, on finit par se demander l’intérêt de cette série. Qu’a voulu raconter Mike Flanagan de si important à travers cette histoire et ces personnages ? On le devine petit à petit via les flashbacks dans les années 1970-80, qui nous confortent plus dans notre sentiment de dégoût face à cette famille.
Alors, vers la fin, le créateur tente de se rattraper. On a le droit aux discours explicatifs de certains personnages (celui de Verna, marquant et juste ; et Madeline Usher, également pertinent). La série trouve alors quelques couleurs et l’engagement de Flanagan pour les sujets de société refait surface : une acerbe critique du milieu pharmaceutique et de la traite des patients. Mais Flanagan veut trop en dire et trop taper sur ce qui fâche dans notre monde : la maltraitance animale, la course aux performances scientifiques, l’égo, l’argent, la paresse, la vanité humaine… à tel point qu’on ne sait plus trop où donner de la tête. L’intention est plus que louable mais fonctionne comme un trop-plein dans la série qui manque cruellement d’émotions et de personnalité !
Quel dommage, car La Chute de la maison Usher commençait si bien, notamment dans sa présentation et réalisation : dans le passé, une ambiance sombre et flippante avec au centre la fameuse maison des enfants Usher et une première apparition d’un fantôme ; puis de nos jours avec le face-à-face entre Dupin et le patriarche Usher (excellent Bruce Greenwood) et cet intérieur sinistre où le danger peut survenir à tout instant.
Malheureusement, tout s'effondre dès le second épisode. J’ai trouvé que l’épisode 5 (Tell-Tale Heart) relevait quelque peu le niveau avec son intrigue, son côté glauque et son suspens. Mais ces deux exceptions ne suffisent pas à rattraper une série plate, sans intérêt avec si peu de choses à raconter ; des personnages caricaturaux et exécrables. C’est une grande déception, mais parce que c’est Mike Flanagan, on lui pardonne pour cette fois en espérant que la suite atteindra les sommets des précédentes séries.