Tim Burton nous propose une série sur le personnage de Wednesday, aînée des enfants Addams et le résultat est, quelques mots, fade et plat. Lissée à l'extrême, la famille Addams en devient presque banale, une famille habillée en noire toute aussi commune que les autres et qui se font dans cet univers de série adolescente. Et c'est là que le plus gros problème de la série réside : l'idée de départ pouvait amener à un résultat intéressant, or le mot d'ordre du scénario et du traitement des personnages semblent être "prudence". Au lieu du portrait d'une famille atypique et controversée (on parle quand même d'une mère qui aime la torture, d'enfants qui s'élecrocute pour le plaisir et qui ne connaissent pas la notion de justice ou de bien/mal ...), on a sous les yeux une famille lissée pour la rendre digne d'empathie, mais qu'on veut tout de même faire passer pour "bizarre", en vain. La famille perd tout de sa singularité à cause de cette prudence scénaristique (ne pas choquer, ne pas faire de scandale, merci Netflix) et on a pour résultat une famille ... habillée en noir (woa, pour du controversé, ca part trèès loin omg). De plus, je n'ai pas réussi à me défaire de cette impression de facticité immense, la mère semble tout droit sortie de Wish avec ses mouvements caricaturaux qui ne suffisent pas à lui apporter le charisme de celle des films. Cela en devient ridicule et profondément cringe à certains moments. Aucun effort de lumière et les décors sentent le toc à plein nez, petite ville américaine cliché.
L'univers perd tout de singularité avec la surenchère d'enfants-monstres : encore une fois, comment la famille peut-elle apparaître comme marginale dans un tel milieu ? La maladresse ne touche pas que la trame narrative mais aussi tout le fond de la série. Alors que les films étaient complètement lunaires et décalés, c'est ce qui plaisait, la série est très sage et l'humour noir n'a même plus sa place > on obtient une série qui retombe dans une binarité simpliste bien/mal que les films avaient abolie.
On pourrait alors croire que c'est donc Wednesday qui porte toute la série mais là encore, problème : le personnage n'a rien de singulier. Tim Burton aurait pu prendre n'importe quel personnage, juste s'assurer qu'elle a des visions (caractéristiques que le personnage original n'a même pas) et l'histoire aurait tout de même fonctionné. Elle n'est qu"une façade pour attirer le public (et ne soyons pas hypocrite, ça marche). Caractérisée de sociopathe elle est semblable en tous points à ses camarades, à part le fait qu'elle ne cligne jamais des yeux et parle d'un ton monocorde.
Ainsi, on retombe très vite dans un cadre typique de série adolescente : triangles amoureux creux et ridicules, les habituels patterns (bal, fête foraine, week end avec les parents, ...). Et pour couronner le tout, ajoutons quelques messages con-con et vus et revus : relation parents-enfant défaillante, "trace ta route, ne suis pas la mienne", "acceptez-moi comme je suis", être différent des autres et se faire une place, "bE yOurseLf", ...
Pour résumer, la fragilité de cet "univers" se ressent partout, on ne peut se défaire de l'impression que le réalisateur ne gère rien et se restreint à une position ultra prudente, à l'opposé de ce qu'on attendait, en une pâle tentative de copie du style des films dont on perd finalement toute l'essence puisque ce genre d'univers n'est pas netflixnesque compatible.