La série souffre de plusieurs faiblesses qui nuisent à sa crédibilité
Elle se focalise uniquement sur les réactions religieuses et sectaires face à des phénomènes surnaturels. Or, dans une société moderne, il paraît invraisemblable qu'aucune institution scientifique ou médicale ne tente d’étudier les manifestations mystérieuses et violentes qui se produisent sous les yeux du public. Un contrepoids scientifique, qu’il réussisse ou échoue à expliquer ces événements, aurait renforcé la profondeur de l’intrigue et ajouté une dimension réaliste. Au lieu de cela, la série réduit le débat aux seuls enjeux spirituels et idéologiques, comme si l'ensemble de la société rejetait d'emblée tout besoin d’analyse rationnelle. Ce manque de nuance donne un ton simpliste à l’histoire, rendant les réactions des personnages unidimensionnelles et parfois caricaturales.
(D'autant que dès le début du deuxième épisode, on apprend que ce qui reste des corps n'a rien d'organique.)
Un autre point étonnant dans Hellbound est l'absence quasi-totale des médias, pourtant incontournables et influents dans notre monde contemporain. Dans une société où des phénomènes aussi spectaculaires et terrifiants surviennent publiquement, on pourrait s'attendre à ce que la télévision, les réseaux sociaux et les journalistes s'emparent de l'affaire, exploitent les images et alimentent les débats. Or, ici, les médias sont étrangement silencieux et presque invisibles, laissant tout l'espace à La Nouvelle Vérité pour contrôler le récit et propager son idéologie sans confrontation.
Par ailleurs, un autre aspect affaiblit la crédibilité de l’histoire : l'absence totale de craintes ou de remords chez ceux qui commettent des actes de violence au nom de la "justice" divine. La série met en scène des membres de la secte "La Nouvelle Vérité" et des groupes d'extrémistes comme "La Flèche" qui n'hésitent pas à déchaîner une violence crue, intimidant et torturant des individus sous prétexte d'éclairer le monde de leur "vérité". Pourtant, malgré l'existence avérée de phénomènes terrifiants et la menace que ces entités pourraient représenter pour tous, y compris pour eux-mêmes, ces fanatiques agissent sans la moindre crainte de représailles surnaturelles. Cette absence de crainte réduit les personnages à des instruments de pure cruauté, les rendant juste "fonctionnels" (pour faire avancer le récit) et, en conséquence, moins réalistes. La série aurait pu jouer sur ce paradoxe : des fanatiques partagés entre leur mission de purification et la terreur d’être eux-mêmes victimes d’un jugement ultime.
Un autre point faible de Hellbound réside dans son manque d'ouverture sur le monde, qui limite considérablement la portée des événements surnaturels. Bien que la série mette en scène des phénomènes spectaculaires aux implications spirituelles et morales universelles, le récit reste presque exclusivement centré sur la ville de Séoul. Ce choix narratif réduit la portée des événements : au lieu de sentir une onde de choc mondiale, on a l’impression d’assister à une crise locale dont les répercussions ne semblent finalement pas très importantes.