Un choc, une merveille. La réalisation, travaillant les zooms lents, les plans larges, distants, obstrués, et la musique électronique, souvent décalée dans sa vague menace contrastant avec la bonne humeur de l’univers, sont fascinantes et à un niveau que je n’ai quasiment jamais rencontré à la télé. Et encore moins dans une comédie télé.
Car c’est drôle, parfois, souvent. Nathan Fielder, Benny Safdie, Emma Stone, sont hilarants, et passionnants. Le reste du cast, acteurs professionnels comme amateurs complets attrapés dans la rue, forme un ensemble vif et frais. La satire ici est légère, complexe, jamais manichéenne.
Mais bien sûr, ce n’est pas que drôle. D’abord, l’utilisation du contexte de la télé-réalité permet une mise en abyme parfois vertigineuse où fiction et réalité se mélangent et se troublent, ce qui est un thème majeur du travail de Nathan Fielder.
Ensuite, c’est “The Curse”, littéralement. La menace est réelle, lancinante, obsédante. La série m’a beaucoup fait penser à ‘A Serious Man’ des frères Coen, autre chef d’oeuvre d’interrogation juive du destin et de l’anxiété.
Ma dernière question est: quel est l’effet de tout cela sur le spectateur ? Ce spectacle jouissif mais anxiogène peut-il avoir un effet négatif sur ses niveaux de confiance en soi ? The Curse peut-il être une malédiction ? Ancienne question sur l’utilité de l’art à laquelle il est difficile de répondre. En tout cas, moi, j’ai été simplement étonné, excité, fasciné, passionné par tout ça.