Dur de faire une critique parfaitement neutre sachant que cette série se confronte inévitablement au colosse qu'est The Boys !
Mais une fois parvenu à prendre quelques pas de recul... Mince, en fait, pas mal de choses sont à redire:
Premièrement, quelques incohérences ici et là:
* Pourquoi Golden Boy met-il fin à ses jours aussi vite ? On comprend qu'il exprime des remords (et encore, cela est interprété par les pensées de Cate), mais... son frère ? Là où il devrait être révolté, vengeur et protecteur, il préfère se donner... la mort ?
* L'école, où plus précisément le laboratoire des "Bois", prend rapidement l'initiative de débarrasser les quartiers de Golden Boy après sa mort de toutes potentiels traces/preuves, très bien... Par contre, ça leur prend plusieurs jours pour investir le bureau du Dr.Brinkerhoff pour n'en récupérer... Qu'un ordinateur portable ?
* Lorsqu'Emma s'échappe des "Bois" avec Sam, ce dernier affirme connaître tous les codes d'accès à chaque porte... Pourquoi ne pas libérer les autres en partant ?
* Lorsque le groupe d'amis se retrouve à l'intérieur des pensées de Cate, un personnage annexe, Dusty...explose vigoureusement. On sait déjà à ce stade que mourir dans la conscience de Cate, c'est mourir dans la réalité. Or, personne ne semble ne serait-ce que s'intéresser au cas de Dusty à leur réveil, d'autant plus que son corps... N'est plus là ?
Et d'autres encore, plus mineures probablement.
Deuxièmement, et ça peut fâcher: Le jeu d'acteur, plus précisément celui de Jaz Sinclair, incarnant Marie Moreau. Je m'arrête précisément sur son cas, car sensée incarner le rôle protagoniste... Mais la performance n'y est pas. Au départ, j'ai cru à une actrice toute droit sorti des méandres de Disney Channel (si si, vous voyez le genre), car elle n'offre à mon goût qu'un éventail étonnamment maigre d'émotions, ou du moins... d'expressions.
Elle incarne ce personnage typique, qui au même titre qu'Emma, son acolyte, semble systématiquement injecter dans ses répliques la même dose d'humour, d'ironie ou sarcasme. On retrouve toujours les mêmes expressions faciales, faisant les gros yeux, la nuque tendue, le regard perdu sur le bas côté, préparant à une réplique volontairement un peu déconnectée. Mais je pense qu'il s'agit plus du fait que les personnages sont victimes de leur propre écriture, étouffés par ce besoin irrémédiable de "faire rire", "faire sourire" l'audience. Je veux dire, il y a littéralement des gens qui explosent autour de vous, vous avez aussi le droit d'avoir une sensibilité.
Troisièmement et dernièrement, il va y avoir l'inévitable comparaison avec The Boys, car qu'on le veuille ou non, Gen V s'incruste dans ce même univers -- et pour m'arrêter sur un point précis qui à mon sens a fait la majeure partie du succès du matériau d'origine: l'humanité des personnages. La comparaison étant inévitable, j'ai eu l'impression d'assister ici, couplé avec les performances "limitées" imposées par l'écriture, à une version "Eco+" de ce que The Boys avait su proposer.
Certes, on a ici l'équivalent de jeunes étudiants, mais qui ne semblent être ici qu'à moitié surpris des événements qui se déroulent autour d'eux, alors ils en sont pourtant les premières victimes. Prenez par exemple la réaction de Marie
lorsqu'un étudiant se fait arracher les deux bras par Golden Boy, au premier épisode
. Surprise, oui, mais sans plus. Ou encore Emma, qui
ne semble pas tant déboussolée par son premier meurtre, n'étant pas des plus basique, par ailleurs...
.
Le tout résulte en un espèce de "vide" flottant autour de chaque personnage. Je n'ai pas pu m'identifier à le moindre d'entre eux, car la plupart
est à la fois dégouté de ce monde 'super/business/réseaux sociaux' mais en est tout autant partisan
. On ne sait pas vraiment ce qu'ils pensent, ce qu'ils ressentent, car ils semblent se contredire constamment.
Quatrièmement, et dernièrement (oui, j'ai menti), il y a... Le sexe. Trop, c'est trop. J'ai surtout eu l'impression que Gen V
n' a pas su résister au besoin irrémédiable de révéler à l'image un phallus (plusieurs, à vrai dire), comme si il s'agissait de respecter une ligne éditoriale indiscutable avec The Boys. De plus, entre les couloirs de l'école, c'est partie de jambes en l'air 24/7. En 2023, cette caricature du "monde étudiant" est fatigante à mon sens.
J'avais la sensation de regarder American Pie avec 20 ans de retard.
J'ai quand même bien apprécié le tout, bien qu'à mon sens le casting principal fait pâle impression face à celui de la série d'origine.