Revoir cette série trois fois de suite dans le mois, - connaissant le coupable d’autant plus ! -, c’est le gage minimum de la qualité des dialogues, du jeu des acteurs, de la richesse des personnages, de leur épaisseur, leur humanité garantie exempte d’effets appuyés.
Avec en bonus une chute en beauté qui nous prend à revers.
Tout est dans le silence (le gosse), les demi-mots (le mari), les ellipses (l’intrigue), la pudeur (l’épouse), le sucré-salé (la fliquette), la demi-teinte (les acteurs), l’ombreux (l’atmosphère), l’esquisse (les indices), l’épure, l’effleuré… (De nature, j’en conviens à faire naître l’ennui chez les gros bourrins.)
Acteurs impeccables que ce soit le gosse qui crève l’écran ou Jonathan Couzinié, taciturne variante de Tom Hanks, remarquable de sobriété, Emmanuelle Devos, Louise Chevillotte (dans ses zones d’ombre). Mention spéciale à Lazare Gousseau, la relève – se pourrait – du regretté Bacri.
Le direct au cœur, la révélation, c’est India Hair qui accroche la lumière comme c’est pas décent dans son personnage de fliquette lunaire, désabusée, gouailleuse tordant le cou à son mal-être sous des réparties douces-amères. Femme-enfant nature, cash et attachante servie par des dialogues au scalpel qu’elle porte avec une justesse de ton impressionnante. Une vraie performance.
Pour ceux qui déplorent une « soi-disant lenteur dans le rythme », signalons que cela se passe à la campagne où la vie épouse l’allure des hommes de la terre et que le film s’inscrit dans ce tempo béni d’un monde à l’ancienne. Celle des Maigret (accessoirement leur atmosphère) qui déroutera les biberonnés au style go-fast du millénaire.
Cette fine alchimie renvoie par moments à la tonalité de l’Été en pente douce et Des grands chemins.
Une pépite, bref, dont on ressort avec un sursaut de sympathie pour l’espèce humaine.
Ça dure un temps...