”Don’t F**k With Cats”, est une série documentaire américaine proposée par Netflix, fort intéressante à suivre, surtout si on a vu auparavant la même affaire traitée de manière bien différente dans ”Faites entrer l’accusé” diffusée le 26 mars 2017.
Il s’agit de l’affaire Luka Rocco Magnotta , une jolie petite gueule qui ne parvient pas à sortir de l’anonymat (il sera même refusé comme candidat à une émission de TV réalité, comble du déshonneur pour un individu comme lui qui ne rêve que de célébrité). Il est prêt à tout pour qu’on parle de lui. Comble du narcissisme, il rêve de paillettes, de reconnaissance, il veut devenir une ”star” , et ce à n’importe quel prix... et il va le prouver (même diaboliquement).
Comme certains l’ont écrit, son arrestation hyper médiatisée, avec tous les médias, les photographes, les télévisions, les caméras ”enfin” braquées sur lui, c’est l’apothéose. Son heure de gloire a sonné ! Il a vécu sa capture comme un acteur reçoit un oscar.
Le documentaire proposé par Netflix est composé de 3 épisodes d’une heure (environ) chacun.
La singularité du documentaire est que le spectateur suit non pas le ”parcours” de Luka Rocco Magnotta mais le cheminement de deux geeks, Deanna Thompson (Las Végas) et John Green (Los Angelès), qui vont créer un groupe Facebook afin de parvenir à débusquer ”qui” peut bien parvenir à se cacher derrière de pareilles ignominies.
En effet, l’affaire démarre avec la mise en ligne d’une vidéo abjecte, atroce, de chatons martyrisés et tués. Images écoeurantes, inacceptables, qui seront supprimées quelques heures après leur mise en ligne (comme toutes celles qui suivront) mais tous ceux qui les ont vues ne vont avoir qu’une envie, obsessionnelle : trouver le responsable dont la vidéo ne montre qu’une partie, plutôt floue, de sa physionomie
Tous ceux qui vont se mettre à le ”pourchasser” ne vont en fait provoquer chez lui que de l’exaltation.
Grâce à tous les forums de discussions aujourd’hui possibles, grâce aux données maintenant de localisation, grâce à Google Maps, grâce à toutes les informations et échanges que le WEB peut fournir à tout le monde, il est devenu possible de traquer une personne sur le moindre plus petit indice qu’elle aurait pu laisser.
C’est ce à quoi vont s’employer les deux principaux geeks précités et tous les internautes de leur groupe puisque ces détectives amateurs vont être, finalement, au courant des dangers que représente un individu tel que Magnotta, avant même les médias et avant même la Police.
Celui-ci avertira à chaque fois qu’il va aller toujours ”plus loin” dans sa provocation démoniaque et il ira jusqu’au meurtre en direct de l’un de ses amants d’un soir, rencontré via un site gay.
Je ne veux rien spoiler de son édifiant ”parcours” mais les ”cyber-détectives” ont alerté la Police de bonne heure sur les agissements dangereux d’un tel individu et celle-ci n’a pas bougé. Il a fallu attendre deux ans, et qu’il aille jusqu’au meurtre en direct, pour être enfin arrêté, après une traque internationale dans un cybercafé en Allemagne. En décembre 2014, Il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans.
Il s’est marié en détention avec un codétenu en avril 2017, meurtrier lui aussi.
La mère de Luka, Anna Yourkin, avait demandé sa mise en liberté en mai 2020, c’est tout récent, en raison de la pandémie du coronavirus.
Le défaut dudit documentaire est d’avoir la forte impression que certaines scènes paraissent scénarisées et qu’il y a des zones d’ombres jamais élucidées (la scène avec le python notamment), chose particulièrement regrettable dans une affaire criminelle.
De plus, la morale de l’histoire est maladroitement traitée car bien trop à la va-vite à la toute fin des 3 heures de diffusion, car si la forme peut apparaître comme séduisante, le fond, lui, aurait été encore plus intéressant à approfondir.
En effet, nul ne peut s’interdire de penser, du moins je le crois, que le remède, peut être, fut pire que le mal.
Traquer un tel personnage, lui accorder de l’importance, en faire quelqu’un dont on parle, les cyber-détectives n’ont pas réalisé une minute que c’est ce qu’il souhaitait avant tout, allant de plus en plus ”loin” dans la provocation pour faire encore plus ”parler de lui”.
Cet individu qui n’est que méprisable, il n’aurait mérité que du dédain.
Le mépris est la forme la plus subtile de la vengeance (Baltasar Gracian).