Hormis « Comme les autres », Vincent Garenq est une valeur sûre dans le paysage audiovisuel français, notamment quant à la qualité de ses sujets (je pense notamment à « Présumé Coupable » et « L'Enquête ». Il s'attaque ici à l'histoire de Christian Iacono, que je connaissais seulement de nom et dont j'ignorais le cauchemar qu'il avait pu vivre à travers cette affaire hors du commun. Alors soyons clairs : niveau forme et notamment rendu visuel, ce n'est pas la folie. Terne, pas toujours bien éclairé, celui-ci s'est bien adapté aux standards télévisuels de notre bel hexagone. Mais ce n'est pas si gênant que ça. Le récit est fluide, clair, dense, nous retrouvant relativement vite au cœur des événements, la mécanique (presque) toujours bien huilée prenant en compte les différents aspects de l'histoire comme les personnages, chacun ayant un vrai rôle à jouer sans apparaître superflu ou caricatural. Et puis il y a évidemment ce point de départ fort : présenter d'emblée un enfant responsable du drame humain qui va suivre, sans la moindre ambiguïté, comme le titre peut l'indiquer. Un « parti pris » (l'histoire est vraie, mais je trouve ça quand même assez courageux) fort, venant toutefois à s'effriter dans les deux derniers épisodes, notamment le quatrième. En effet, Lucas a grandi et est désormais un jeune adulte, peu épargné au départ (le rendre presque infréquentable, c'était bien vu) avant de devenir plus responsable et qui va finir par
prendre conscience de ses actes (qu'il avait fini par croire, du coup) au point de remuer tout le système judiciaire afin de sortir son grand-père de prison, et ce jusqu'à un « happy end »
aussi appuyé que peu crédible. Maintenant, malgré ces concessions et facilités, ainsi qu'une poignée d'aspects trop vite expédiés, le plaisir et l'intensité ne retombent jamais vraiment. C'est efficace, bien pensé, certes un peu « too much » dans son attaque virulente contre le système judiciaire (Garenq est un coutumier du fait), sans qu'elle soit vraiment injustifiée lorsqu'on voit dans quelles situations ubuesques et cauchemardesques est rapidement plongé le héros, et ce pendant plus de
quinze
ans. Côté interprétation, à quelques exceptions, ce n'est pas mal du tout, notamment la ravissante Charlie Bruneau, Daniel Auteuil n'ayant toutefois pas de grandes difficultés pour se tailler la part du lion à travers une présence et une conviction exemplaires. Bref, si l'on peut, comme souvent, trouver la forme un peu sommaire, la qualité du montage, de l'histoire et du propos compensent en grande partie ces légers regrets pour ce qui reste une série de bonne facture sur un événement qui méritait clairement d'être raconté.