No Man's Land : secrets de tournage

No Man’s Land a été conçue par une équipe créative soucieuse d’apporter au récit un degré de réalisme et de précision proche du documentaire. Sur une idée originale des producteurs israéliens Maria Feldman et Eitan Mansuri, la série a été co-écrite par Amit Cohen et Ron Leshem, deux anciens journalistes ayant couvert le conflit israélo-palestinien. Ils se sont notamment inspirés de figures croisées lors de leurs enquêtes. Itai Anghel, l’un des seuls journalistes israéliens ayant pénétré l’Etat Islamique de l’intérieur, a également collaboré au scénario. Enfin, sur le tournage, un conseiller était présent pour assurer l’authenticité des images.

Ecrit en hébreu et en anglais par Amit Cohen et Ron Leshem, le premier jet du scénario a ensuite été adapté, en ce qui concerne les personnages français, par l’écrivain et cinéaste Xabi Molia. Ce dernier a également été en charge de la direction des acteurs français lors du tournage de certaines scènes : "[Le réalisateur israélien] Oded Ruskin a quelques notions de français, mais ce n'est pas une langue qu'il parle couramment. On a tout de suite compris que ce serait compliqué pour lui de diriger les acteurs français. La langue française est très difficile à entendre pour un metteur en scène qui ne la pratique pas. Elle est atone et un réalisateur étranger n'entend pas forcément quand ça joue bien ; il peut donc avoir tendance à pousser les curseurs du jeu français. C’est la raison pour laquelle on a imaginé un duo dans lequel Oded avait le dernier mot en tant que réalisateur. De mon côté, je m'occupais de la direction d'acteurs, sans que ça rentre en contradiction avec sa vision.", a expliqué Xabi Molia au cours d’une interview pour le CNC.

Au sein d’un casting international, les comédiens français Mélanie Thierry et Félix Moati ont vécu ensemble leur première expérience de télévision. Si la première s’est surtout intéressé au voyage de son personnage, le second a aussitôt été séduit par la toile de fond politique et stratégique de l’histoire : "Quand j’étais petit, je rêvais d’intégrer la DGSE. J’étais obsédé par l’espionnage. Alors effectivement, quand on a commencé à me parler du projet avec des espions qui se baladaient, des commandos, des unités, ça m’a tout de suite passionné.", a-t-il confié avec enthousiasme. Afin de travailler leurs rôles, les acteurs n’ont pas hésité à donner de leur personne. Une expérience, très enrichissante selon Félix Moati : "On a appris à tenir les kalach, à nettoyer les armes. On a appris à rentrer avec une unité, à se comprendre sans se parler." Et Mélanie Thierry de préciser : "Je crois que je n'avais jamais porté d'arme à l'écran avant No Man's Land. Et bien c'est quelque chose ! Le jour où il a fallu appuyer sur la gâchette, j'étais pétrifiée : le recul vous fait partir en arrière, ça fait un boucan de tous les diables…"

A l’instar de son personnage, le comédien Félix Moati a découvert le combat des Kurdes et leur histoire, qui l’ont bouleversé. Pour bien comprendre le contexte de la série, il a d’ailleurs fait connaissance avec des Français partis se battre auprès des Kurdes. De son côté, Souheila Yacoub, qui incarne une jeune combattante, s’est plongée pleinement dans la culture kurde. "J’ai énormément appris avec les coachs et j’ai réalisé que je m’étais complètement trompée sur ces femmes-là. Je les voyais comme des badass, des Lara Croft, alors que pas du tout. Ce sont juste des femmes, qui très jeunes, se battent pour une égalité, pour une liberté, pour l’amour et l’amitié. C’est bouleversant parce qu’elles demandent juste à être indépendantes, à vivre sans qu’on les écrase.", a-t-elle raconté.