Plonger dans l'univers de Dune est toujours une promesse d'évasion intellectuelle et visuelle. Avec Dune : Prophecy, HBO s'est aventuré sur des terres narratives fertiles en proposant une exploration des origines des Bene Gesserit. Pourtant, malgré des intentions ambitieuses et des moments d'illumination, la série échoue à captiver pleinement, oscillant maladroitement entre spectacle et confusion.
Visuellement, la série impressionne par sa fidélité au gigantisme de l'univers de Dune. Les décors, qu'il s'agisse des palais imposants de l'Imperium ou des paysages arides d'Arrakis, sont superbes. Cependant, cette splendeur visuelle se révèle parfois creuse, servie par une réalisation qui préfère le statisme à l'énergie. Certaines scènes s'attardent trop longtemps sur des paysages ou des dialogues contemplatifs, freinant le rythme et diluant l'intensité dramatique.
L'histoire suit les sœurs Valya et Tula Harkonnen dans leur ascension au sein des Bene Gesserit. Sur le papier, les tensions politiques et familiales ainsi que l’émergence d’une menace prophétique avaient tout pour captiver. Hélas, le scénario se perd dans des arcs secondaires qui étirent inutilement la narration. Les révélations essentielles arrivent souvent trop tard, noyées dans des intrigues périphériques qui n’apportent rien de substantiel. L’idée d’un ennemi prophétisé, par exemple, aurait pu être un fil rouge captivant, mais elle est abordée de manière épisodique, presque anecdotique.
Emily Watson et Olivia Williams brillent dans leurs rôles respectifs de Valya et Tula Harkonnen. Ces deux actrices insufflent une réelle profondeur à leurs personnages, qui oscillent entre ambition politique et dilemmes moraux. Cependant, les relations qu’elles entretiennent avec les autres personnages, bien qu’essentielles, manquent de consistance.
Le personnage de Desmond Hart, interprété par Travis Fimmel, est un autre exemple d’un potentiel gâché. Sa présence magnétique et son mystère initial sont rapidement éclipsés par un manque de développement. Quant à l’Empereur Javicco et à la princesse Ynez, ils incarnent des archétypes politiques qui manquent de complexité, réduits à des rôles fonctionnels dans une intrigue qui ne leur rend pas justice.
Le principal défaut de Dune : Prophecy réside dans sa gestion du rythme. La série jongle maladroitement entre des scènes contemplatives et des passages où les événements se précipitent sans laisser le spectateur respirer. Les épisodes semblent souvent trop longs, gonflés par des dialogues excessifs et des flashbacks répétitifs. Ce déséquilibre empêche toute immersion durable, rendant l'expérience globalement frustrante.
La bande originale de Volker Bertelmann accompagne efficacement les scènes les plus intenses, avec des compositions qui évoquent à la fois le mysticisme des Bene Gesserit et les dangers de l’univers impérial. Cependant, ces thèmes musicaux, bien que beaux, sont utilisés de manière répétitive, ce qui en diminue l’impact au fil des épisodes.
La série s’achève sur un épisode qui tente de donner un sens à l’ensemble, sans véritablement y parvenir. Les quelques révélations finales sont intrigantes, mais elles ne suffisent pas à rattraper les longueurs et les incohérences qui ont jalonné la saison. Si certains arcs narratifs laissent entrevoir une amélioration possible dans la deuxième saison, beaucoup de promesses initiales restent en suspens, sans garantie d’un aboutissement satisfaisant.
Dune : Prophecy est une série qui vacille entre ambition et exécution maladroite. Si son esthétique soignée et ses performances solides lui confèrent un certain éclat, ces qualités ne suffisent pas à compenser un rythme déséquilibré et une narration trop souvent dispersée. La série laisse un goût d’inachevé, oscillant constamment entre grandeur potentielle et désillusion. Un premier pas hésitant, qui, on l’espère, trouvera sa pleine mesure dans la suite.