Deuxième fiction inspirée de l'affaire Dupont de Ligonnès après le correct « La Part du soupçon », « Un homme ordinaire » ne fait pas hélas pas mieux, loin s'en faut. Non pas que la production TF1 atteignait des sommets : formatée, relativement prévisible... Mais elle avait au moins le mérite de se tenir, d'être (relativement) cohérente dans ses rebondissements, avec des personnages correctement écrits et une interprétation convenable. Rien de tout ça ici, et même si l'on nous répète quarante fois qu'il s'agit d'une vision « librement inspirée » des crimes, cela ne justifie pas tout. On sent que Pierre Aknine essaie d'offrir un regard complexe, ambigu sur cet homme à première vue exemplaire cachant de lourds secrets, dont une situation financière intenable. Sans vouloir imposer de réponse, il propose des pistes, s'interroge sur « les origines du Mal » : sur le papier, tout ça est plutôt prometteur, concrètement, ça ne l'est pas du tout. Sans être réellement ennuyeuse, la série se perd dans un montage se voulant sophistiqué, faisant des allers-retours temporels plus lassants qu'autre chose, très loin d'apporter des situations fortes ou prenantes. La religion prend une place insensée au détriment de tout le reste, les turpitudes du « héros » sur le sujet apparaissant souvent obscures, presque contradictoires, sans réellement que la lumière soit faite. On a vraiment l'impression d'un projet le cul entre deux chaises : souhaitant coller le plus possible aux événements tout en prenant suffisamment de liberté pour ne pas se retrouver avec un procès au postérieur (beaucoup de métaphores fessières en une phrase, désolé) : c'est hybride, bancal, beaucoup moins malin qu'espéré, y compris dans la dernière ligne droite. Cette rencontre avec
le présumé assassin
aurait pu être intense, encore fallait-il qu'elle ne soit pas écrite de façon aussi grotesque, semblant vouloir s'inspirer de la relation
Hannibal Lecter - Clarice Starling
: le résultat est désolant. Il paraît évident que c'est lui, pour finalement laisser planer un doute : si c'était bien fait, pourquoi pas, mais c'est tellement mal amené, pensé, voulant aborder pleins de sujets pour plus ou moins tous les bâcler... Hélas, ce n'est guère meilleur côté enquête : peut-être un peu mieux écrite car moins grandiloquente, l'impuissance de la police face à l'efficacité de la belle hackeuse surprend, comme la façon de remonter la piste jusqu'au
Canada
, semblant parfois presque tenir du coup de chance... Seule l'identité de Dédale parvient (un peu) à surprendre, sans expliquer pour autant de nombreux points, voire les assombrissant. Enfin, alors qu'elle était à première vue séduisante, l'interprétation n'est pas du tout à la hauteur : si Olivier Loustau et surtout Chloé Lambert surnagent, dans un contre-emploi attendu, Arnaud Ducret se montre moyen, Émilie Dequenne (dans un rôle totalement invraisemblable à tout point de vue, pour sa défense) semble complètement perdue et Sophie Quinton tout aussi peu convaincue et convaincante. Mais le pire (et de très loin), c'est Quentin Faure. Non seulement son personnage n'a aucun intérêt, mais il le « joue » avec une absence de talent assez indescriptible : un acteur à ce point aussi nul dans une production « importante », ce n'est pas tous les jours. Seule la toute dernière scène (bien qu'un peu lourdaude, n'en demandons pas trop) parvient à exprimer ce que voulait être, aurait dû être « Un homme ordinaire » : le portrait d'un homme insaisissable, nulle part et partout à la fois. Aucun doute que cet angle eut été bien plus intéressant que cette mini-série aussi poussive que confuse, très loin de faire la lumière sur une affaire autrement plus passionnante qu'elle...