Rien qu’en regardant l’hallucinante bande-annonce de ce show, avec un Ethan Hawke halluciné flingues aux poings et récitant dans un déluge de feu la Bible, on ne pouvait que donner sa chance à cette fiction/reconstitution des évènements ayant entraîné la guerre de Sécession, chapitre méconnu de l’histoire moderne américaine, qui façonne avec une rare et funeste vérité ce qui constitue encore aujourd’hui les fondations de l’Amérique moderne.
Et si la série évoque tant l'actualité, avec le mouvement Black lives Matters et la mort de George Floyd, à l’image du dystopique Watchmen (2019) et son rappel du massasse de Tulsa de 2021, la série nous montre cet angle mort de l’Histoire américaine ayant provoqué la guerre civile sur fond du thème de l’esclavage des Noirs.
La série se permets de nous plonger dans le grand bain sans introduction, avec le personnage central d’Oignon, jeune esclave qui se retrouve pris dans ces évènements par hasard, il assiste, avec le téléspectateur aux derniers mois de John Brown, militant abolitionniste, des combats dans la campagne du Kansas, jusqu’à sa fin en Virginie Occidentale.
Si la série dispose de quelques séquences d’action assez bien orchestrée, elle reste avant tout construite autour de ses nombreux protagonistes, leurs discussion, leurs espoirs fous, doutes.
La série n’omet aucune horreur, aussi bien dans les morts glaçantes de noirs par les chemises rouges, que les morts horribles de l’équipe de John Brown. Elle oppose de manière assez intelligente le racisme ordinaire et institutionnalisé du Sud et le fanatisme religieux, mysticisme et visions prophétiques de John Brown.
La série trouve sa première qualité dans l’incroyable reconstitution, ses décors, souvent champêtre, ses bâtiments anciens, ses nombreux costumes, accessoires., qui marquent la volonté de véracité historique de ces auteurs, dont le show est réalisé par le scénariste de Hell On Wheels (2012-2014), il maîtrise son sujet, le réalisateur!
L’autre point marquant est le casting choral, qui malgré des dizaines de noms, réussit à donner quelques instants à des acteurs secondaires plus ou moins connus : on découvre la sublime Natasha Marc, on retrouve Maya Hawke, propre fille d’Ethan Hawke, alias la rafraîchissante Robin de Stranger Things, un rôle de composition pour le grand Daveed Diggs repéré cette année dans l’excellent Snowpiercer.
D’autres acteurs plutôt connus ont quelques rôles support, comme le génial chef de train Orlando Jones, la chemise rouge Steve Zahn (vu dans Hors d’Atteinte – 1998), le légendaire Michael Gaston en maire d’Harper’s Ferry, l’intimidant David Morse en propriétaire d’esclaves ou même le sympathique lieutenant de cavalerie joué par le méconnu Wyatt Russell.
En 7 épisodes seulement, Mark Richard et Ethan Hawke nous rappelle le caractère si actuel de la lutte pour les droits des noirs et la dualité de cette Amérique, qui a structuré ce pays depuis sa naissance jusqu’à ce jour.
Peut-être pas la meilleure série du monde, mais une bonne leçon d’histoire atypique, pleine de contradictions, d’anecdotes incroyables et de personnages investis dans leur quête folle, violente mais visionnaire.