Joe Barton qui nous avait intéressé en tant que scénariste avec « Le rituel », mais surtout avec « i-boy », prend de la maturité et de l’audace avec cette série. Premièrement, dans ce « Giri/ Haji », il ne se contente pas de fomenter un scénario bien ficelé, et innovant, il met en scène également. D'abord, en s’inspirant de réalisateurs de renom, mais aussi en ajoutant des touches très originales personnelles. Tout cela étant fait avec intelligence et harmonie, l’ensemble revêt une belle unité. Parmi les influences de Barton, on reconnaît celle de Tarantino, de l’époque où celui-ci innovait encore (« Réservoir Dogs », « Jacky Brown », « Pulp Fiction »). Le cinéaste Britannique est aussi très inspiré par la brutalité poétique et lyrique de Takeshi Kitano, notamment dans son « Hanabi ». Barton sort des sentiers battus et intègre à son cocktail narratif des éléments visuels de BD, des chorégraphies, et surtout une bande son de malade. A toutes ces qualités, on peut aussi ajouter la qualité exceptionnelle des acteurs, tous très riches en couleurs. Notre critique serait incomplète si on ne mentionnait pas la richesse et la variété de l’humour de cette série. La violence est certes très présente, mais elle est faite avec une stylisation visuelle si talentueuse qu’elle s’en trouve totalement désamorcée. Le désamorçage se fait aussi par le truchement des répliques toujours très spirituelles, et souvent même totalement hilarantes. Une bonne dose de cet humour est aussi basée sur le parallèle culturel permanent, mais astucieux entre la société Britannique et la société Nippone. Enfin, concernant l’humour, la cerise sur le gâteau ne s’obtient que si l’on regarde la série en VO. Car le choix des acteurs par Barton n’était pas fortuit. La différence et la variété de leurs accents participent à l’humour. De l’hyper lourd, mais savoureux accent écossais de Kelly MacDonald, à l’hilarant accent cockney de Charlie Creed-Miles, en passant par l’accent Américain branché de Justin Long, et ceux des différents acteurs japonais, selon qu’ils maîtrisent plus ou moins l’anglais, tout cela est absolument jubilatoire et fait de cette série un délice, non seulement pour l’œil et l’esprit, mais aussi pour l’oreille. Prions dans les deux langues pour qu’arrivent d’autres saisons.