Alors, commençons par ceci : non, la série n'est pas un biopic sur Léonard De Vinci. Leonardo, co-produite par Freddie Highmore, est plus dynamique que ce à quoi on s'attendait, très bien interprétée (Aidan Turner est convaincant), avec une bonne bande-son et un format court (huit épisodes de 50 minutes), qui s'invente une histoire sur la vie du peintre, en refaisant le tableau à sa sauce, distillant parfois des vérités (son amour pour les oiseaux libérés de leur cage, son homosexualité, son esprit vif, son écriture de la main gauche - à une époque où cela était mal vu -, ses retards systématiques dans ses commandes de tableaux, etc...), et y ajoutant des énormités (l'histoire d'amour avec Catarina est totalement fictive, Salai était âgé de 10 ans dans la réalité lorsqu'il posait - "et pas que..." - pour Léonard, il écrit normalement alors que Léonard écrivait à l'envers - il fallait un miroir pour le lire -, etc...). On se doute bien que montrer la pédophilie du peintre, en prime time sur les chaînes est chose compliquée (on imagine la tête de nos grands-parents devant France 2), en plus de ternir l'image du peintre éclairé qu'on en a souvent, mais voilà : à trop vouloir gommer et adoucir le personnage (la belle gueule d'Aidan Turner y ajoutant son petit effet), on en ressort avec une fiction lisse. On a même été déçu du choix de ne pas montrer pleinement la guerre dans le Vatican entre Léonard et Michel-Ange, qui peignaient en se jetant leurs ustensiles (ç'aurait vraiment bien donné, en scène filmée), au profit d'une happy-end totalement improbable et cucul entre les deux ennemis de toujours. Ce genre de partis-pris nous a fait tiquer ponctuellement, dans une production autrement de très bonne mouture, qui se regarde avec plaisir, aux effets spéciaux soignés (pour une fois !), à la confection des tableaux qui est un délice pour les yeux (encore plus qu'Aidan Turner, désolé mais nous, on mate le tableau derrière) avec un soin apporté à la technique du sfumato qu'il a popularisé (cette façon unique d'adoucir les contours pour qu'ils soient moins nets, les rendre plus ancrés dans le reste du décor du tableau), et avec l'envie furieuse et passionnée de nous présenter l'ensemble de ses œuvres, peintures comme inventions, pensées philosophiques comme découvertes scientifiques... Un poil d'audace en plus sur le pinceau, et le tableau brossé par Leonardo était un petit chef-d’œuvre.