Dans leur regard : secrets de tournage

Spécialiste de la lutte pour les droits afro-américains, Ava DuVernay articule ici sa thématique phare autour d’une histoire vraie. Celle de cinq adolescents - quatre Afro-américains et un Hispanique -, surnommés les "Central Park Five", accusés à tort d’avoir violer une jeune fille un soir d’avril 1989. En 2015, Raymond Santana, l’une des victimes, interpelle Ava DuVernay sur Twitter, après avoir vu son film Selma, lui demandant si elle envisage de raconter leur histoire. "Je connaissais un peu l’affaire. J’avais aussi regardé le documentaire de Sarah Burns à ce sujet et je ne pensais pas en faire un film. Mais une fois que je l’ai rencontré, ainsi que les autres victimes, j’en ai ressenti le besoin.", confie la créatrice.

Du côté de la production déléguée, Ava DuVernay est notamment créditée aux côtés de Robert De Niro, qui avait déjà soutenu son téléfilm For Justice en 2015. Par ailleurs, on remarque également le nom d’Oprah Winfrey, l’une de ses collaboratrices régulières, puisqu’elles ont déjà travaillé ensemble sur le film Selma et la série Queen Sugar.

En raison de la nature sordide et angoissante du sujet de la série, Ava DuVernay et son équipe ont mis un point d’honneur à fournir des thérapeutes sur le plateau, disponibles pour toute personne ayant besoin d’un apaisement émotionnel pendant ou après les prises de vues quotidiennes. "Je n’ai pas encore guéri. Ça va prendre du temps.", a notamment confié le comédien Jharrel Jerome. "Interpréter ce rôle a été de loin l’une des choses les plus difficiles que j’ai eu à faire."

Jason Moran, le compositeur habituel d’Ava DuVernay, a dû quitter le projet pour une tournée. Kris Bowers (Dear White People, Green Book) a été désigné comme remplaçant de dernière minute. La créatrice lui a demandé de regarder le premier épisode, avant d’écouter ses suggestions concernant la bande originale. "J'ai tout de suite été très ému. Je me suis vu à travers ces jeunes garçons. En tant que jeune garçon noir, j’ai grandi à Los Angeles avec une cible dans le dos.", confie-t-il. Kris Bowers a donc décidé de composer la musique comme pour un film d’horreur, en demandant à ses musiciens de produire des sons atonaux et discordants afin de créer une atmosphère inconfortable et inquiétante. Dans certains cas, il a même endommagé volontairement des instruments afin d’obtenir l’effet souhaité.