On ne sait pas vous, mais nous avons le chic de choisir des séries dont on découvre l'annulation au bout d'une (ou quelques, pour les chanceuses) saison, et Double Je en fait partie, n'ayant pu survivre qu'une saison. Pourtant, on ne sait pas bien ce qui n'a pas fonctionné avec cette mouture plus sympathique et originale que la plupart des programmes que l'on trouve en allumant sa télévision le soir (d'autant plus dans l'après-midi). L'idée de départ est un peu farfelue, et on adore : voici Dea, une jeune enquêtrice qui est très inséparable de Jimmy, un fantasque dandy à la moustache de Mercury qui ne rate jamais le bon mot pour faire rire, jusqu'au jour où elle se retrouve en binôme avec Matthieu, un jeune premier de la classe ultra-rasoir. Impossible de faire cohabiter Matthieu et Jimmy, mais pas pour la raison à laquelle vous pensez : Jimmy est un ami imaginaire. Dès le premier épisode qui nous expose cette drôle de situation, on embarque avec plaisir dan le trio qui oscille entre bonnes blagues et bonnes disputes, on rigole bien (Jimmy est drôle à se moquer des policiers et des témoins, et le "mauvais flic" Fred est vraiment au top du rire, chapeau à Bruno Gouery) et on suit l'intrigue amoureuse presque popcorn en mains. Qu'on se le dise : les enquêtes policières nous ont peu importé, un schéma classique des séries policières made in France Télévision (peu de moyens, des figurants au compte-gouttes, peu de décors, une mise en lumière blafarde, et un coupable peu étonnant à chaque fin d'enquête, tournant entre deux ou trois suspects...). En revanche, Jimmy (François Vincentelli, hilarant et très à l'aise) est l'excellente idée qui apporte de la fraîcheur au récit, Dea (charmante Carole Weyers) est un personnage principal féminin qui ne se laisse jamais faire (hallelujah), et Matthieu (Ambroise Michel, convaincant) est le contre-plan "rasoir" indispensable à la majorité des gags. On regrette tellement l'annulation au bout d'une saison, dont on attendait l'ultime révélation de l'ami imaginaire au coéquipier, mais qui nous laissera avec la révélation de l'origine de Jimmy (
le départ douloureux de la mère de Déa
) dont on se doutait "légèrement" (pas besoin d'avoir lu Freud pour le comprendre) quelques épisodes plus tôt, les passages chez le psy en disant beaucoup trop à ce sujet. Vraiment dommage, car on a passé un bon moment devant sa télévision en choisissant une série policière, chose rare quand la plupart nous laisse échapper la télécommande de la main sur un ronflement sonore. On se voyait déjà regarder la suite en famille un soir de semaine, un peu comme un Lucifer à la moulinette France Télévision... Après #SaveLucifer, on propose #SaveJimmy. France Télévision a manqué d'imagination.