Le célèbre "Ten little niggers", le plus vendu à ce jour des romans policiers jamais publiés (avec plus de 100 millions d'exemplaires !), comporte 244 pages. Maintes fois adapté au cinéma, et pour la télévision, en tirer une nouvelle série, là en 6 épisodes de 52 minutes chacun, paraît impossible - sauf à étirer l'intrigue au-delà du raisonnable, jusqu'au délayage.
Aussi, ce "Ils étaient 10" (nouvelle appellation officielle bien-pensante pour la France, depuis cette année) suit-il un parti différent de l'adaptation. Les deux scénaristes ont écrit une histoire "dans la lignée de".. Toute la question étant de savoir si l'esprit de Lady Agatha souffle encore dans cet "hommage".. La côte sud-ouest de l'Angleterre, au large de laquelle se trouve la "Nigger Island" est remplacée par les Antilles françaises, et une "Île du Diable" (sans rapport avec l'annexe du bagne de Cayenne, évidemment), sur laquelle se trouve un "resort" hôtelier de luxe, à l'abandon. Il y a bien 10 personnes sur l'île, 2 domestiques et 8 hôtes, conviés sous des prétextes divers. Qui vont subir, les uns après les autres, un sort tragique... On sait que la dramaturgie des disparitions suivait, comme assez souvent chez AC, une comptine, affichée dans les chambres.
Rien de comparable ici - on est plutôt dans l'univers de la télé réalité (sorte de Koh-Lanta, en plus confortable - du moins au début). Supplémenté à l'horreur "soft" - avec un réalisateur déjà réputé du genre fantastico-gore (au cinéma), Pascal Laugier. Comme il faut bien meubler les longues (presque) 6 heures, le récit fait la part belle au passé de chaque protagoniste
(tenter de comprendre ce que chacun a à se reprocher - pour deviner qui est "l'ange exterminateur", et quelles sont ses motivations)
, et ajoute un volet "enquête", à distance, puis se rapprochant.
Et là est le point faible, assurément - explications, y compris "psychologiques", laborieuses, voire invraisemblables et/ou ridicules... avec "deus ex machina" pour final maladroit, et bâclé...
Une trop vague filiation avec la dame Christie, spécialiste des "whodunits" raffinés, elle. Un "rajeunissement" qui n'apporte rien, et donc une série fort dispensable - la distribution (acteurs soit mauvais comme d'habitude, soit meilleurs ailleurs) ne compensant même pas une grande déception générale !