Vous rêviez d'en savoir plus sur le Nom de la Rose, sans forcément avoir envie de lire l'imposant roman (très riche) d'Umberto Eco ? Cette série italienne vous tend les bras. Et avec un casting qui met en face-à-face John Turturro (en franciscain) et Rupert Everett (en dominicain), ça serait pêcher de ne pas succomber à la tentation... Damian Hardung défend son Adso avec finesse et justesse, et l'on se surprend à découvrir Turturro dans son meilleur rôle (incroyablement crédible en maître de sagesse calme et tempéré, lui qui a surtout connu les rôles de personnages déjantés... Voir The Big Lebowski, avec son Jesus presque prémonitoire de ce franciscain plus sage avec l'âge). Bien sûr, impossible d'oublier la version avec Sean Connery, ni même de ne pas vouloir comparer les deux oeuvres filmiques (n'ayant pas lu le roman, la critique se limitera à ces oeuvres), mais si l'on a un penchant certain pour "l'original" qui nous a fait découvrir la richesse des réflexions d'Umberto Eco, on ne peut que constater que la série développe bien davantage chaque thème, chaque étape de l'enquête, chaque personnage croisé. Elle fait en huit épisodes de 50 minutes ce que le précédent film rêvait seulement d'expliquer. On comprend ainsi mieux la corrélation entre les indices, on cerne mieux les vices cachés des religieux, on s'intéresse bien plus au débat sur le vœu de pauvreté qui anime les disputes entre franciscains (pauvres volontaires) et dominicains (riches volontaires), et au final on en retire cette agréable impression d'avoir mieux appréhendé le roman, d'avoir mieux compris son attachement au Nom (l'unique preuve d'existence des gens et choses, dont seul l'écrit reste, seul témoignage de notre passage... L'existentialisme que veut nous faire toucher du doigt Eco est ici très bien expliqué). On regrettera simplement la rapidité du dernier épisode, qui conclut trop vite l'enquête, le débat sur le vœu, l'existence par le Nom... Un trop-plein d'informations qu'on avait déjà du mal à suivre avec Sean Connery, et qui nous demande d'y réfléchir encore une fois ici pour ne pas rater une des multiples conclusions enchaînées en quelques minutes (in extremis à la fin de ce dernier épisode, trop dense). Et l'on ne peut s'empêcher de remarquer que le générique ressemble à un mélange oubliable de ceux de Rome et Game of Thrones... On garde tout de même en mémoire cette très bonne interprétation du Nom de la Rose, pour son casting impeccable, son grand soin de réalisation et son exploration bien plus riche du roman. Un très beau travail !