Le reproche principal que l'on peut faire à Zone Blanche est d'évoluer en totalité dans le "déjà vu", renvoyant sans cesse, parfois lourdement, à des productions antérieures bien plus caractérisées et abouties. Dès lors, si les épisodes se laissent regarder, ils peinent à vraiment captiver, lassent parfois, indiffèrent souvent.
Il y a un an presque mois pour mois, Arte nous avait offert une bien étrange mais imparfaite série dont le scénario semble avoir été repris mot pour mot pour Zone Blanche: "Jordskott, la forêt des disparus". Il serait ici épuisant pour les doigts d'écrire toutes les analogies (pour ne pas dire les copies) présentes dans Zone Blanche. Épuisant pour les doigts mais aussi accablant car cette liste vertigineuse conférerait au plagiat: une forêt, des disparus, des flics impliqués et pommés, une organisation secrète, du mysticisme païen, des élus véreux et... une scierie (nous y reviendrons plus tard).
Mais là où la série scandinave innovait et s’émancipait, Zone blanche s'accroche à des modèles bien plus qu'inspirateurs, des modèles envahissants et ce en toute humilité: Stephen King, Myrick et surtout David Lynch (excusez du peu)!
En effet comment ne pas évoquer Twin Peaks tant tout dans la réalisation de Zone Blanche renvoi à la série culte. La présentation des lieux (la scierie, la gendarmerie réplique du bureau du shérif Truman, le bar etc etc), l'utilisation de musiques thématiques (notamment de musiques décalées), une galerie de portraits décalés aux implications incertaines... tout semble systématiquement repris. Toutefois, comme n'est pas David Lynch qui veut et, chose immanquable, quand on investit une oeuvre qui n'est pas la sienne, la magie n'opère pas: aucune unité narrative et artistique (une musique country folk américaine illustre un bar pommé aux fins fonds de la Belgique!), ficelles grosses comme des bouts, incohérence et invraisemblance des situations (les morts et les disparitions s'amoncellent mais l’effectif de police pour stopper tout çà est maintenu à quatre flics et un substitut du procureur pour une ville qui semble avoir plusieurs milliers d'habitants), effets qui tombent à plat... Bref, l'implacable cohérence, l'onirisme, l'impact tragique propres aux oeuvres du maître ne sont ici même pas subrepticement entrevues.
Rajoutons à cela des interprètes pas tous bons, des personnages caricaturaux et exaspérants, un terre à terre interdisant toute rêverie ou tout humour, des développements inutiles et anecdotiques, beaucoup de prétentions et vous comprendrez mieux le verbe lasser que j'ai utilisé au début de cette critique.
Au final, des tonnes de Jordskott, des tonnes de Twin Peaks une louche de Blair Witch et une pincée de Pt'it Quin Quin donnent... une daube bien peu gastronomique. Echac total de la démarche qui ne produit aucune nouveauté, aucune originalité mais qui ne constitue même pas un hommage révérencieux.