S’il y a bien une chose qu’on ne pourra pas renier à cette série « Dark », c’est qu’elle ne manque pas d’atmosphère. Ah ça ! Au moins sur ce point là, je dois bien avouer que c’est une réussite. Dès le premier épisode une patte est posée. Avec cette ville isolée et presque morte au milieu d’une épaisse forêt, le tout avec cette silhouette glaçante de centrale électrique à l’arrêt, il y a presque quelque-chose de « Twin Peaks » et de « Stranger Things » là-dedans. La photographie très sombre et très léchée ainsi que l’habillage musical fort à propos appuient cette démarche atmosphérique très efficace. En tout cas, le premier épisode réussit parfaitement bien sa démarche d’hameçonnage. Il rend curieux pour la suite. Malheureusement, force est de constater que « Dark » est bien une série de 2017, c’est-à-dire une série issue de la période « post-âge d’or ». Bah oui, parce que c’est effectivement l’idée que je me fais : depuis la fin de « The Leftovers », j’ai du mal à voir quelles séries ont su se lancer avec les mêmes promesses de renouvellement et de densité. Pire, pendant la diffusion de « The Leftovers » j’ai déjà eu du mal à trouver des séries de ce genre là. Certes, aujourd’hui il y a encore « Black Mirror », « Tabou » et « Baron noir », mais j’ai davantage l’impression que ce sont des queues de comètes plutôt que les annonciatrices d’un nouveau flux de chefs d’œuvres revitalisant le genre. Aujourd’hui, les séries phares qu’on nous vend pâtissent malheureusement des mêmes défauts dont souffre pathologiquement ce « Dark ». Il ne s’agit plus de tirer parti d’un format spécifique pour en faire des films impossibles à sortir au cinéma. Au contraire, avec « Dark » il s’agit de faire de la série pour faire de la série. Parce qu’au regard de l’intégralité de cette saison 1, tout ce qu’il y avait d’intéressant dans ce « Dark » pouvait aisément tenir en 1h45, soit deux épisodes. Bah oui, « Dark » est pour moi de ce genre-là. Un peu comme « Mr. Robot », « Westwood » et autres « Handmaid’s Tale », on nous met tout au début pour bien nous appâter, et puis ensuite on garde tout le reste pour la fin afin de faire un joli cliffhanger qui donne envie de voir la saison 2. « Dark » est EXACTEMENT dans ce schéma. Dès la fin du deuxième épisode la démarche est criante. Au lieu de reprendre sur le cliffhanger posé par l’épisode précédent, l’épisode 2 décide de tourner en rond, de faire de l’exposition de personnages à gogo, de meubler avec des parcelles de mystère disséminées ça et là, le tout pour ne revenir au cliffhanger précédent que sur ses trois dernières minutes. Si ça ce n’est pas chercher à gagner du temps ! Parce que bon, franchement, les personnages n’ont pas vraiment grand-chose d’intéressant. Ils sont trop nombreux, trop plats (et aussi trop mal coiffé pour l’un d’entre eux !), et surtout leurs problématiques sont tout droit sortis du sac à banalités ou à stéréotypes. Je vais d’ailleurs être honnête avec vous : face à cette série, je me suis risqué à une expérience. Quand j’ai constaté au bout de quatre épisodes que « Dark » était en train de reproduire le bon vieux schéma de narration en tunnel où il ne se passe des choses qu’au début et à la fin de l’intrigue, je me suis osé à regarder le dernier épisode avant tous les autres. Et surprise… Bah j’avais l’impression de n’avoir rien raté. A part un personnage dont je ne savais pas trop d’où il sortait, pour le reste, j’avais l’impression de récupérer tous les arcs narratifs où je les avais laissés. J’avais les réponses que je m’étais imaginé dès la fin du premier épisode. Et bien évidemment, le seul truc intéressant de l’épisode final fut sa conclusion. Il a donc fallu attendre la dernière minute du dernier épisode pour que quelque-chose de neuf tombe dans l’escarcelle ; quelque-chose qui réactive la machine à imagination et à curiosité. Seulement voilà : c’était la fin de la saison. La suite au prochain épisode ! Bref, pas de surprise donc : « Dark » est bien de cette génération de séries qui décide de diluer et de ne rien explorer afin de durer le plus longtemps possible. Le pire, c’est qu’il n’est même pas sûr que l’attente en vaille la peine. Après tout, ce mystère est assez classique et difficile de voir ce que la série peut véritablement apporter de plus au schmilblick. En cela « Dark » est frustrante. « Dark » est usante. « Dark » est ennuyeuse. Bref, « Dark » est une série de son temps. Et franchement, au regard d’un tel soin apporté à l’atmosphère et à l’univers de cette série, c’est un sinistre gâchis… Bon après, ce n’est que mon point de vue. Donc si vous n’êtes pas d’accord et que vous voulez qu’on en discute, n’hésitez pas et venez me retrouver sur lhommegrenouille.over-blog.com. Parce que le débat, moi j’aime ça… ;-)