Après avoir visionné les 3 saisons, il est dur de donner une opinion complète de Dark, d'autant plus à chaud et sans rien dévoiler de la trame. Les producteurs ont créé ce que peu de monde dans le milieu arrive à faire : créer un début à une histoire, une fin cohérente, dérouler le fil du scénario sur un nombre de saisons fixé depuis longtemps. Et, surtout, s'y tenir. C'est tout le mérite de Dark qui, sans spoiler, dévoile un monde d'une richesse et d'une profondeur très rare pour une série au point de ne pas savoir quoi évoquer dans un premier temps.
Les personnages sont nombreux, travaillés, joués par des acteurs qui portent l'histoire sans aucune fausse note. L'ambiance est fidèle au titre de la série, les couleurs, les musiques collent avec l'atmosphère pesante, émouvante, parfois stressante. Pour les plus attentifs, le moindre détail a été pensé, des clins d'oeil réguliers et forts sont faits à propos d'événements passés (ou futurs d'ailleurs). Et puis Dark, c'est surtout une poésie à travers le temps, des dialogues bien écrits, des scènes absolument invraisemblables et bouleversantes.
Le tout est de savoir prendre le temps (il est beaucoup question de temps de toute façon). De faire l'effort de comprendre ce que les producteurs veulent nous montrer, de regarder attentivement, d'être patient au gré des révélations qui surviennent toujours à un moment précis. Tout a été pensé, réfléchi sur un thème pourtant bien dur à traiter sans être jugé sur l'autel de l'incohérence : le voyage dans le temps.
A aucun moment je n'ai ressenti quelque chose qui manquait de logique durant la série. Et quand ce fût passagèrement le cas, tout est expliqué à un moment ou un autre. Encore une fois, la patience est la clé. La série nous invite au voyage, à la réflexion sur le destin, le temps le déterminisme, la religion, sur ce qui est bien ou mal, la science et ses limites, la jalousie, le pêché. La liste est non exhaustive mais dessine le travail d'écriture derrière la série. La fin est claire mais laisse malgré tout la place à l'interprétation et l'imagination de chacun.
Le suspens est ménagé de bout en bout, seuls les 5 premiers épisodes de la saison 1 peuvent paraître un peu long. L'histoire se met en place, le spectateur doit assimiler les différents personnages et se familiariser avec chacun d'eux. Cette étape est nécessaire pour savourer la suite. Mais passés ces débuts "timides", tout finit par prendre sens progressivement. Toutes les questions que vous vous posez auront une réponse à un moment ou un autre.
Les producteurs nous prennent par la main tout en nous laissant la liberté de nous imaginer ce qui suit. C'est peu commun alors que la plupart des séries sèment des indices ça et là qui permettent de deviner la fin. Si cela peut arriver avec Dark, il arrive toujours un moment où vous serez surpris, chamboulés, pris par l'émotion, interloqués. C'est à l'aune de ces sentiments que se juge une série. Et celle-ci, Dark en l'occurrence, fait si souvent appel à ces sensations mêlées qu'elle est inclassable. Dans le langage courant, on appelle ça un chef d'oeuvre. L'expression n'est pas trop forte à qui saura prendre le temps de regarder. De temps il aura beaucoup été question. Merci pour ce voyage Baran bo Odar.