Tom Hardy et son père, en association avec le maître à penser des Peaky Blinders, Steven Knight, sous les houlettes de la BBC et FX, rien que ça, entreprennent la mise en chantier de Taboo, série dramatique, historique et fantastique, accessoirement sombre, durant l’année 2016. En résulte une sortie fracassante à la fois sur sol européen et aux Etats-Unis, une certaine forme d’achèvement pour Tom Hardy qui avait accepté, objectivement, un rôle dans la série susnommée, de Steven Knight, dans l’optique de travaillé personnellement, et en première ligne, avec une équipe bien définie. Tom Hardy, le centre de gravité de la série, du projet, garantie d’une certaine prestance dans l’interprétation, ne peut s’empêcher de laisser déborder face à nous tout son narcissisme, appelons ça comme cela. Mais peut-on réellement lui en tenir rigueur tant le comédien et producteur nous gâte, nous offrant une série soignée, virile, divertissante et par-dessus tout, peu commune?
Taboo nous propulse donc dans le Londres poisseux, glauque et malfamé du début du 19 siècle, alors que revient au pays l’héritier d’un navigateur mal aimé fraîchement décéder. Ledit héritier, Tom Hardy, revient des terres africaines alors que tous le croyaient à jamais disparu, avec une réputation de sauvage malfaisant et fait main basse sur une terre sise sur la côte ouest de l’Amérique du Nord. Oui, mais voilà, la guerre entre l’Amérique et la Grande Bretagne bat son plein et le petit morceau de terre des Delaney vaut politiquement son pesant de cacahuètes. Seul face à tous, La Couronne, la prestigieuse Compagnie des Indes Orientales, le gouvernant tout frais des Etats-Unis d’Amérique, notre revenant plutôt bougon devra se battre pour que son héritage puisse lui-être profitable. Violence, vices, menaces, trahisons, tout le monde fera tout pour mettre la main sur une colonie du bout du monde qui pourrait redessiner les cartes du commerce maritime entre l’occident et l’Extrême Orient.
Les enjeux sont clairs, l’époque clairement définie. Reste alors à appréhender la personnalité pour le moins mystérieuse du personnage principal, sorte de brute sanguinaire à l’esprit roublard qui revient au pays pour tacler de plus belle les plus hautes institutions. Indomptable, imprévisible et diablement efficace dans tout ce qu’il entreprend, nous nous rendons bien vite compte que le gus n’est pas revenu d’Afrique l’esprit sain. L’aspect fantastique de l’œuvre, son coté mystérieux, prend dès lors une place toute particulière durant les huit épisodes qui composent cette première saison. Un gros point d’interrogation, donc, quant à la réelle ampleur du personnage, ce qui en soit n’est pas un mal. Pour autant, les phases de disons shamanisme de notre ami le conquérant tendront pourtant à parfois enrayer la bonne dynamique de la série, à couper net le bon déroulement d’une intrigue, quant à elle, passionnante. On pourrait donc reprocher aux scénaristes, aux Hardy, d’avoir empruntés ce chemin mais soyons conscient qu’à l’avenir, le voyage promis durant la seconde saison, les capacités de James Delaney pourront nous être explicitées.
Efficace, sombre, Taboo ne manque pas son départ, proposant à un public qui en attendait beaucoup, son lot de belles surprises et autres beaux moments. Tom Hardy, toujours lui mais n’est-ce pas de lui dont il est question, livre une prestation bestiale, pétrit de charisme de d’animalité. Parfait. Le reste du casting, lui aussi, veut le détour. Mais tout ça, je vous conseille chaleureusement de le découvrir par vous-même. 16/20