La série est adaptée du roman éponyme à succès de l’écrivain et journaliste italien Roberto Saviano, paru en 2006. Celui-ci avait déjà été porté sur grand écran par Matteo Garrone en 2008. Comme pour le film, Roberto Saviano s’est investi dans l’écriture de la série. Néanmoins, placé sous protection policière permanente pour avoir décrit le milieu mafieux napolitain, l’auteur n’a pas pu se rendre sur le tournage pour des raisons de sécurité évidentes.
"Gomorra" est la contraction de "Gomorrhe", l'une des deux cités bibliques, avec Sodome, détruites en raison de leurs moeurs dissolues, et de "Camorra", l'organisation criminelle qui contrôle la région de Naples - et bien au-delà.
La série a principalement été tournée en Italie, et plus particulièrement dans les quartiers de la Scampia et Secondigliano. Ces quartiers populaires de Naples, aux mains de la Camorra, sont également connus pour avoir servi de décors aux clips des rappeurs SCH et PNL. Par ailleurs, la série s’est délocalisée en Europe (Barcelone, Menton, Cologne, Düsseldorf, Sofia, Londres).
Le tournage à Scampia et Secondigliano, les banlieues du Nord de Naples où sévit la Camorra, ne s’est pas passé sans encombres. En effet, les autorités ont d’abord essayé d’interdire les caméras, sous prétexte que la série faisait une mauvaise publicité à la ville. Au fur et à mesure, le réalisateur Stefano Sollima a dû faire face à d’étonnants imprévus : "Dans le quartier où l'on tournait, il y avait des meurtres, des bars qui explosaient. C'était une situation très difficile à contrôler pour la production. C'était un véritable défi." Une version confirmée par la productrice Gina Gardini : "Certaines nuits, on apprenait que le lieu où on devait tourner le lendemain était envahi par la police ou qu'un meurtre y avait été commis. Et on changeait d’endroit."
Le créateur de la série, Stefano Sollima, également réalisateur du pilote, n’est autre que le fils du cinéaste italien Sergio Sollima. Ce dernier est notamment resté célèbre pour ses westerns spaghetti tels que Colorado, Le dernier face à face et Saludos hombre.
Dès le départ, le scénariste et réalisateur Stefano Sollima souhaitait "concilier l’aspect spectaculaire d’un certain cinéma de genre avec une réalité beaucoup plus documentaire." Assumant son attachement au néoréalisme du cinéma italien, de Rossellini notamment, il revendique l’éloignement des clichés hollywoodiens au profit de l’authenticité. "Ce n'est plus la mafia racontée par Hollywood (Le Parrain, Scarface, Les Soprano…) aussi brillants soient-ils. (…) Les vrais mafieux, ceux que nous mettons en scène, ne jouent pas. Ils sont ‘normaux’. Ils ne sont pas caricaturaux. Ils n’ont pas de grosses voitures, ne s’habillent pas en Armani. Ils se fondent dans la masse. D'ailleurs, cette réalité est bien plus intéressante que les stéréotypes.", renchérit-il.
Que ce soit devant ou derrière la caméra, la série, qui explore la mafia napolitaine dirigée par des hommes, n’en oublie pas pour autant le point de vue féminin. "Les femmes de la Camorra ne sont pas soumises ou impuissantes. Elles sont dévouées à leurs hommes, mais dans une forme moderne de féminisme.", explique l’actrice italienne Maria Pia Calzone. Pour entrer dans la peau de son personnage, celle-ci est parvenue à rencontrer des ex-épouses de mafieux. "Ca a été un parcours très difficile et évidemment il m'a fallu vaincre beaucoup de résistances. Ca a été mon apprentissage, je ne pouvais pas comprendre certains aspects de leur mentalité et de leur sensibilité sans avoir parlé avec elles.", a-t-elle confessé, avant d’ajouter que "sans sa connaissance du dialecte local, les choses auraient sûrement été plus compliquées." Par ailleurs, la réalisatrice Francesca Comencini a été chargée de diriger plusieurs épisodes dans lesquels l’histoire est envisagée sous l’angle d’une femme.
Si plusieurs réalisateurs se sont succédés au fil des épisodes, tous ont contribué à une même identité visuelle. "On s’était mis d’accord sur la façon d’utiliser la lumière, la musique, sur l’atmosphère qu’on voulait créer et même sur le casting.", confirme Stefano Sollima. Ce dernier a notamment retrouvé les directeurs de la photographie Paolo Carnera et Ivan Casalgrandi, avec lesquels il avait déjà collaboré sur la série Romanzo criminale, en 2008.
La bande originale a été composée par le groupe post-rock italien Mokadelic. Ils avaient déjà signé celle du film de Stefano Sollima, All Cops Are Bastard, en 2011. On retrouve également différents tubes italiens ("A’ Storia E Maria" d'Ivan Granatino feat. Franco Ricciardi, "Int’o Ritone" du groupe napolitain Cosang) et internationaux ("One Day/Reckoning Song" d’Asaf Avidan & The Mojos). Enfin, chaque épisode se conclue par le titre "Nuje Vulimme ‘na Speranza" de NTO’ feat. Lucariello.
Dès sa sortie, la série a été saluée par la critique pour ses personnages, son rythme, son atmosphère, son jeu d’acteur, sa mise en scène et son écriture. Véritable phénomène de société dans son pays d’origine, la saison 2 a notamment fait plus d’audiences que Game of Thrones. Une popularité, qui s’explique pour des raisons très simples, selon Roberto Saviano, auteur du roman original : "Je crois que l’authenticité et la capacité de décrire la réalité sont les secrets de ce succès."