J’avais nourri quelques réserves lors de la saison 2, m’empêchant ainsi de renouveler le « 5 étoiles » que j’avais pu attribuer précédemment à cette fabuleuse série qu’est « Rick et Morty ». Pourtant certes, le plaisir avait été au rendez-vous et certains épisodes étaient mémorables (Ah ! Cet épisode 6 avec les Aliens parasiteurs de souvenirs ! Quel régal !) Seulement voilà, je trouvais qu’à force d’avancer, les épisodes finissaient par se répéter, tourner en rond, et perdait légèrement en densité. Certes, ça restait très drôle, mais je me sentais de moins en moins dépassé par le déluge créatif des épisodes. Car pour moi c’est là la première grande force d’un épisode de « Rick et Morty » : c’est tellement dense et barré qu’on a du mal à anticiper ce qui va advenir dans les secondes qui vont suivre. Chaque instant est un contrepied permanent à ce qui est attendu ; une déclinaison fouillé d’un tournant absurde et ridicule de l’intrigue… Vous allez me dire que ça fait beaucoup de lignes pour parler des deux premières saisons sans même aborder la troisième. C’est vrai. Mais si j’y passe autant de temps c’est parce que – bien évidemment – j'estime que ces qualités que j'évoquais de la saison 1, je les ai retrouvées dans cette saison 3. Certes, tous les épisodes ne sont pas égaux, mais globalement, je ne peux m’empêcher de considérer qu’on est ici de retour sur les standards de la saison 1, notamment avec ce merveilleux épisode qu’est « Pickle Rick ». Mais surtout, si cette saison 3 a su davantage m’enthousiasmer que la précédente, c’est parce que j’e considère qu'elle sait aussi davantage renouer avec la seconde grande force de « Rick et Morty ». Cette force, c’est le cynisme. Alors que la saison 2 abusait quelque peu de l’hémoglobine et de la violence gratuite histoire de dire « Yeah ! Notre série elle est trop transgressive ! », je trouve que cette saison 3 recentre sur ce qui est son véritable cœur transgressif. Montrer un monde désenchanté ; présenter des personnages faibles et pathétiques ; illustrer en permanence le non-sens et la cruauté des entreprises menées : voilà le vrai cœur transgressif de cette série. Ce cynisme est incroyablement corrosif et tinte chaque rire d’une aigreur qui fait forcément écho à notre quotidien. En cela, l’épisode qui se déroule dans la citadelle en pleine campagne électorale en est la plus pure illustration. En soit, cet épisode évacue totalement le burlesque ou l’absurde. Le rare humour qu’on y retrouve ne repose quasi-exclusivement que sur la satire aigre d’une société totalement aliénante. Cet épisode d’une incroyable noirceur – totalement nihiliste – est pour moi la clef de voûte de l’univers « Rick et Morty ». C’est même d’ailleurs cet épisode qui, selon moi, explique le mieux le succès de cette série car c’est lui incarne le mieux l’humour de son temps. Les années 1980 et 1990 ont eu « les Simpson ». Les années 2000 ont eu « South Park ». Les années 2010 ont « Rick et Morty ». Or, qu’est-ce qui distingue ces trois séries ? Certes, les trois sont corrosives et irrévérencieuses à leur façon, mais « Rick et Morty » est la seule à faire preuve d’un nihilisme aussi total et complet. On aura beau avoir toute la technologie du monde, explorer toutes les dimensions possibles, au final l’humanité sera toujours aussi pathétique et l’univers n’aura toujours aussi peu de sens. L’humour repose souvent sur le désamorçage d’une tension ; sur le fait qu’on réduise tout à une certaine forme d’insignifiance qui mérite qu’on en rit. Or, ce que « Rick et Morty » décide de désamorcer, c’est la pression de se dire que quelque-chose mériterait d’être sauvé de tout ça. Et ça, pour moi, c’est l’humour « Rick et Morty ». Un humour sans limite car sans idéal. Pour moi c’est clairement une série qui est terriblement drôle parce qu’elle met justement le doigt sur ce qui est insignifiant et qui mérite le rire : l’univers tout entier. Pour cela, bravo les gars. Mais bon, après, ce n’est que mon point de vue. Donc si vous n’êtes pas d’accord et que vous voulez qu’on en discute, n’hésitez pas et venez me retrouver sur lhommegrenouille.over-blog.com. Parce que le débat, moi j’aime ça… ;-)