Une série façon polar signée Steven Bochco (“NYPD Blue”). Solide pour l'été, mais trop quelconque pour vraiment marquer. Il est loin, le temps où Steven Bochco révolutionnait l'histoire des séries policières, avec "Hill Street Blues" dans les années 1980, puis "NYPD Blue" dans les années 1990. Incapable de faire tenir ses dernières séries plus d'une saison ou deux ("Raising the bar", "Over There", "Commander in Chief"), il retourne à ses premières amours, le polar. La chaîne câblée TNT lançait "Murder in the first", une enquête feuilletonnante où un duo de flics de San Francisco tente de résoudre un simple meurtre, qui se révèle rapidement bien plus retors que prévu... Bochco est maître dans la peinture du quotidien de la police, et sait comme peu de scénaristes sortir du commissariat, arpenter les rues, faire de la ville un personnage, éviter les effets pompeux et les lourdeurs inutiles. "First Murder" est un pur polar, loin des bidules scientifiques et autres personnages "décalés" plus ou moins tendances ces derniers temps. Cette série a aussi le bon goût de penser avant tout à ses personnages, de les laisser vivre, de nous les montrer dans leur intimité. De donner de la chair au polar, quand il est encore trop souvent réduit à des enquêtes nerveuses bourrées de rebondissements. Il faut dire que le crime sur lequel enquêtent les détectives Terry English et Hildy Mulligan sera développé sur dix épisodes. Dix épisodes qui comptent bien non seulement réserver quelques surprises, mais aussi approfondir les relations entre les héros et les suspects. Du côté de la police, Steven Bochco a pris un risque en embauchant deux acteurs mieux connus pour leurs rôles dans des soaps, Taye Diggs ("Private Practice") et Kathleen Robertson ("Beverly Hills"). Risque payant, puisque les deux comédiens s'en sortent bien, elle en mère célibataire (un peu caricaturale, bordélique mais aimante) et lui en bientôt veuf, sa femme terrassée par un cancer. Encore un peu lourds, les portraits de ces deux héros ont au moins le mérite de ne pas les limiter à des badges et des flingues. Le bât blesse quand on s'intéresse au suspect numéro 1, un jeune loup de la Silicon Valley, relié par son passé au junky retrouvé mort au début de l'enquête. Un sale type ambitieux, vaniteux, brutal et mal dans sa peau, caricature du gosse arriviste soi-disant visionnaire. Médiocrement incarné par Tom Felton, le Drago Malfoy des films "Harry Potter", il est fébrilement soutenu par Richard Schiff, qui se promène de seconds rôles en seconds rôles depuis la fin de "A la Maison Blanche" (il y jouait Toby Ziegler). Poussives, les scènes qui suivent leur quotidien ruinent le naturel et la dynamique plutôt convaincante des scènes du couple de flics. Peut-être le développement de l'intrigue me permettra-t-il de changer d'avis sur ce côté obscur raté. En attendant il faut s'accrocher aux performances de Robertson et Diggs, et apprécier un polar correct, solide, classique, nourriture plutôt rare quand débute la saison estivale. Il se pourrait que "First Murder" permette à Steven Bochco de mettre fin à ses années de disette. C'est encore un peu tôt pour nous convaincre qu'il a retrouvé sa superbe, et qu'il est prêt, à nouveau, à imaginer une série capable de redistribuer les cartes du polar télé