Neuf ans après la très mitigée quatrième série animée centrée sur le Chevalier Noir, revoici un énième reboot cette fois-ci entièrement réalisé en images de synthèse. Créée par Glen Murakami ("Baman : La Relève", "Teen Titans"...), la série suit les brillantes traces de Green Lantern et nous offre une excellente cure de jouvence qui risque fort de choquer les aficionados... En effet, outre le chara-design toujours impressionnant au premier abord, c'est surtout dans le traitement de son histoire que "Prenez garde à Batman !" va surprendre, les personnages et le nouvel univers de Gotham City étant ici tout simplement inédits... Cette cinquième série entièrement basée sur Batman nous présente donc le super-héros comme un vigilante glacial, parfois bourrin mais très futé, aux côtés d'un Alfred plus jeune et plus dynamique ne se contentant pas de recoudre les vêtements de son maître mais devenant au contraire un garde du corps bienveillant, ainsi que de Tatsu Yamashiro alias Katana, une nouvelle sidekick experte en arts martiaux qui devient ici la filleule d'Alfred. Face à eux, une nouvelle galerie de villains inédits : Professor Pyg et Mr. Toad, récemment créés par Grant Morrison, la sexy Magpie (un personnage mineur dans le comics qui devient ici l'alter ego de Catwoman), Humpty Dumpty, Tobias Whale et surtout le machiavélique Anarky qui va très vite devenir le nouveau Némésis du Caped Crusader. "Prenez garde à Batman !" réussit donc dès le premier épisode à dépayser le spectateur grâce à une animation de qualité et un côté sombre alors rarement vu sur le petit écran qui nous fait très vite oublier la légèreté quasi-débile de "L'Alliance des Héros"... Hélas, la série n'est pas parfaite, loin de là. Parmi les défauts, on notera un Gotham malheureusement très épuré pour ne pas dire sans vie, les vastes décors étant aussi très vides et on a pour le moment peine à s'attacher voire même à visualiser la ville. Autre point noir : la musique de Frederik Wiedmann, elle aussi très sobre et bien loin des mémorables thèmes que nous ont proposés Danny Elfman, Shirley Walker ou encore plus récemment Christopher Drake à travers les deux films The Dark Knight Returns. Ainsi, en dépit de qualités bienvenues et d'une toile de fond scénaristique intéressante, la série n'arrive jamais à vraiment décoller ni même à proposer quelque chose de consistant. La faute à des dialogues mal écrits, des doublages peu immersifs et un rythme assez mou dans l'ensemble, malheureusement. On comprendra aisément la chute d'audience puis l'annulation Outre-Atlantique de la série (elle continue néanmoins en Nouvelle-Zélande). Pas forcément désagréable mais très frustrante en vue de son potentiel initial, Beware the Batman ne nous fera pas oublier les précédentes aventures du héros masqué, même si on espère un sérieux coup de fouet dans les épisodes à venir.