J'ai vu deux épisodes (Pilote + 2), et je suis atterrée.
Une version moderne de Dr Jeckyll et Mister Hyde, basé sur un syndrome psychiatrique, les personnalités multiples (dont l'existence reste très controversée dans le milieu médical actuel), ça avait tous les ingrédients pour être une bonne série en théorie. Le neurochirurgien le jour qui devient un psychopathe la nuit, ça pouvait donner lieu à bien des délires, comme pour l'excellent United States of Tara...
Le problème c'est que d'une part le syndrome est traité de façon pas très cohérente (particularité du 8h25 - 20h25, qui n'a guère de sens en soit - Mais quand est-ce qu'il dort, ce type ?! D'accord il a deux personnalités qui cohabitent avec un seul corps, mais le corps continue d'avoir des limites physiques, quelque soit le nombre de personnalités qui l'habitent), trop manichéenne (le gentil docteur super gentil qui n'existe que de jour, le méchant truand méga-méchant qui ne vit que la nuit, pfff : quelle originalité dans la symbolique), et d'autre part le personnage passe son épisode à faire des trucs DÉBILES, que même quelqu'un avec une cacahuète à la place du cerveau n'oserait jamais faire parce que son instinct de survie le lui interdirait, tout court...
La jolie doctoresse hyper attirée par le chirurgien, il devrait la mettre dans le coup tout de suite, et lui avouer son problème dès le premier épisode ; ça couperait court à des péripéties inutiles, et exaspérantes à cause de leur incohérence. Leur absence de communication donne lieu à une surenchère de réactions de plus en plus stupides qui n'ont aucun sens.
Exemple : ohlala ! Un accident grave s'est produit, vite il faut envoyé un neurochirurgien et un neurologue pour faire une trépanation d'urgence (ouais, pourquoi ne pas envoyer deux spécialistes hors de prix overbookés quand un pompier avec une perceuse pourrait suffire, hein ?!)... Voilà notre futur couple gagnant filant sur les chapeaux de roue vers l'accident, où ils se rendent en Ferrari, (si si si, en Ferrari, parce que les ambulances et les hélicos, ça n'existe que dans la réalité, apparemment, d'après les auteurs de fiction américains)... Que fait notre vaillant héros, quand il apprend que son double a profité de sa nuit pour piquer la voiture en question à un dealer en colère qui peut le retrouver à n'importe quel moment parce qu'il a des indics partout et que la caisse est reconnaissable entre mille, mmmh ?! Il plante la nana dans le décor sous prétexte qu'elle est en danger dans la voiture... Et se barre avec la caisse pour continuer à se promener en ville avec... Histoire de faire une bonne cible pour le dealer d'une part, et d'être bien sûr que la neurologue va lui en vouloir à mort, d'autre part : multiplier les ennemis, c'est tellement jouissif, du point de vue scénaristique ! Bien sûr, il rentre sans dommage... Et elle, comment elle se décide à se venger du gentil médecin qui vient de l'abandonner à huit bornes de son lieu de travail sous un prétexte visiblement douteux, alors même que le type en question a essayé de violer deux nuits plus tôt (bon, c'était le double machiavélique qui l'a attirée à lui en se faisant passer pour le gentil chirurgien, mais elle est sensée être échaudée, quand même) ?! Ben en lui piquant sa caisse, bien sûr ! Parce que c'est comme ça qu'une femme sensée réagit face à un type qui a essayé de lui faire du mal il y a moins de 48 heures quand il la plante dans le décor en pleine journée de boulot.
Niveau personnages idiots, il y a encore le fameux rival, l'autre neurochirurgien du service, qui tellement méchant qu'on le sent venir avec ses énormes sabots surtout quand il se balade dans le labo du département recherche sur lequel il n'a absolument aucune autorité, bien entendu... comment soupçonne-t-il son collègue d'avoir un problème médical, ça ne nous est pas révélé, ou alors c'est que j'avais décroché à ce moment-là ; décroché ma mâchoire à force de bailler, sans doute. Dommage pour la cohérence du récit, en tous les cas : on comprend qu'il en veux à mort à son rival et qu'il ne reculera devant rien pour l'éliminer, ce qui nous promet encore des péripéties bien exaltante, purée... Et puis franchement, entre nous... Un hôpital avec deux neurochirurgiens en rivalité aussi doués et donc aussi chers du point de vue salaire, où vous z'avez vu ça ?! La plupart des structures luttent pour garder un maximum de services ouverts, donc du point de vue ancrage dans le réel, c'est encore un beau loupé...
Pour finir de brosser le portrait des principaux personnages, il nous manquait le poto chef de labo qui fournit notre gentil docteur en drogues diverses pour empêcher la résurgence de son autre personnalité, et fait plein d'analyses qui ne mènent jamais à rien. Il m'a fait irrésistiblement penser à tous ces pauvres geeks scientifiques toujours super copains avec le héros, super embêtés pour lui, et qui prennent sur eux toute la misère du monde, sans jamais avoir la moindre profondeur : leur rôle de faire-valoir les rend tellement soporifique que finalement, le héros en question pourrait carrément se passer d'eux, là encore on éviterait des péripéties inutiles. (si vous avez vu la Belle et la Bête version 2012-2013, vous SAVEZ de quoi je parle, héhé
Il y a plein de pistes pour des rebondissements qui auraient pu être intéressants dans les deux premiers épisodes et aucun n'est exploité au cours des 80 premières minutes de diffusion : l'ex dont le fils est le fils du méchant, heu du gentil, bon on ne sait plus bien, mais non ! On nous l'a pas dit, que c'était son fils ; on est sensé le découvrir dans quatre épisodes !!! On sent bien qu'il va falloir se farcir un bonne dizaine d'épisodes avant que ça démarre tout ça... Et ça ne fait que contribuer à la confusion sur l'intrigue principale. En plus dans le genre inutile, partir en train (en train, déjà, en pleine journée de boulot... quelle crédibilité, quatre heures de perdues dans les transports, vu l'emploi du temps surchargé de la vie trépidante d'un neurochirurgien, qui de surcroit est obsédé par l'idée qu'à 20h25, il perd le contrôle de sa vie, quoi) à la rencontre de son ex pour lui dire : "tu es en danger : Mathilde... Pardon Ian est revenu", "Je m'en fous, Jason, j'ai refais ma vie, mais je te laisse quand même tripoter ma joue comme ça le téléspectateur sait qu'il va se passer un truc sexuel entre nous dans deux épisodes" c'est d'un lourd...
C'est à croire que dès le pilote les auteurs savaient la série en danger, et ont proposer pleins de petites ficelles à tirer style baraque foraine, pour plus tard, mais comme aucune n'arrive à décrocher le gros lot sur l'épisode, ben c'est l'attention du spectateur, qui décroche...
Bref.
Encore un énorme gâchis, sûrement suffisant pour le téléspectateur insensibilisé à la médiocrité habituelle des émissions TV, quoique... Vu que le TV show en question est arrêtée après la diffusion de seulement deux épisodes, il semblerait que la ménagère de moins de cinquante ans a encore quelques neurones sous le rose mappa pour zapper quand on lui proposer du réchauffé.