L’intrigue de l’anime, sans être follement originale, possédait de nombreux atouts :
1. Le fait qu’elle se déroule dans un univers utopique et totalement imaginaire, et donc riche en surprises. Force est de reconnaître que le graphisme est sympathique et que ce monde est lumineux et splendide…
2. L’idée des quatre éléments, chacun représenté par un peuple et une Nation, était séduisante.
3. Le fait que seule une poignée d’humains possède la faculté de manier leur élément « natal » était également intéressante…
4. Que l’Avatar, mi-homme, mi-dieu, soit l’unique créature capable de manier les quatre éléments et demeure le garant de l’équilibre, promettait d’exposer bien des intrigues et des rebondissements. .
Manifestement, l’intrigue était d’abord écrite pour un public adolescent, en concordance avec l’âge des héros principaux, qui sont tous entre 12 (l’Avatar) et 17 ans (le prince Zuko). A ce titre, il est permis de rêver qu’elle était nuancée, avec des personnages complexes, et des situations teintées d’amertume.
Après tout l’anime parle d’une guerre mondiale, déclenchée par les ambitions hégémoniques de la Nation du Feu. De plus, le principal adversaire étant le père d’un des jeunes héros, cela promettait une histoire tragique, digne des plus belles épopées, avec son lot de thèmes graves (la guerre, le prix de la paix, le passage à l’âge adulte, le mythe d’Œdipe, etc…), appelant à la réflexion et à la maturité.
Malheureusement, il est évident que les diffuseurs ont exigés des coupes, afin de « simplifier » l’intrigue au maximum de manière à ce que la série puisse être regardée par des mômes de 8 ans.
Cette décision a eu pour conséquences de rendre l’histoire linéaire et répétitive. De passionnante, elle est devenue soporifique.
Les personnages ont également subi un sacré décapage. Ils n’évoluent pas ou trop peu pour réellement susciter l’intérêt : les héros sont devenus soit insipides, soit agaçants et mièvres. Ce qui est gênant quand l’histoire est entièrement axée sur leurs aventures : l’ennui guette rapidement.
Les antagonistes ressemblent à des caricatures, toutes droites sorties de série B américaines produites entre 1970 et 1980. Rien n’y manque : nous avons donc la folle de service (Princesse Azula), le méchant sournois (Long Feng), le général ambitieux et traître sur les bords (Zhao) et le tyran assoiffé de pouvoir et évidemment incapable de réfléchir deux minutes (Firelord Ozai)…
Quant aux personnages secondaires, qui sont sensés représenter les populations « lambdas » et donner du relief à cet univers, ils sont comparables à des marionnettes sans âmes, rapidement oubliés dans l’indifférence la plus totale.
Il en ressort un épouvantable sentiment de gâchis face à ce que cet anime aurait pu (du) être. Car il est évident que « The Last Airbender », avait toutes les qualités pour devenir un excellent dessin animé, capable de concurrencer les productions asiatiques, s’il n’avait pas été ainsi mutilé.
Comment ne pas éprouver de la déception face à ce magma sans saveur ? L’anime est truffé de leçons moralisatrices débitées par des personnages stéréotypées et calibrés pour plaire au plus grand nombre… Cela fonctionne, mais au détriment de l’histoire.
Comment accepter avec le sourire, que trois des héros, Sokka, Toph et Suki, arrivent après la bataille pour se moquer d’un adversaire déjà à terre ?
Comment comprendre et respecter l’Avatar Aang, qui après avoir combattu loyalement son adversaire, laisse ses amis insulter et humilier son prisonnier, sans broncher ni bouger le petit doigt ? L’Avatar Aang n’est-il pas sensé représenter la paix, l’équilibre et également, le respect du à chaque être, fut-il criminel ?
Comment ne pas réaliser qu’humilier inutilement un ennemi, fut-il le pire des criminels, ne peut susciter que haine et mépris ? Et, pire encore, que cela ait pour effet de se rabaisser et de donner raison à son adversaire ?
Pendant 61 épisodes, les héros prêchent des valeurs comme le courage, la solidarité, la compassion et le pardon. Mais ces beaux discours ne valent rien si ces mêmes héros sont totalement incapables de les appliquer, le moment venu.
En gros, le final de l’anime génère ce message ambigu : « Faites ce que je dis, pas ce que je fais ». On atteint là des sommets dans l’hypocrisie, aidée en cela par le « politiquement correct » qui jonche cet anime.
Piétiner les vaincus et se gargariser d’une paix artificielle, imposée à tous ?
Voilà de bien étranges valeurs morales à laisser aux nouvelles et futures générations et à en juger par les nombreuses critiques positives, cela augure fort mal de l’avenir. En tout cas, cet état d’esprit ne peut que sidérer et inquiéter quiconque ayant un minimum de réflexion et de bon sens.
Il en ressort un épouvantable sentiment de gâchis face à ce que cet anime aurait pu (du) être. Car il est évident que « The Last Airbender », avait toutes les qualités pour devenir un excellent dessin animé.