La série qui m'a fait adoré l'univers de "Mission Impossible", créé par Bruce Geller. Diffusée sur La Cinq et sur M6, elle m'a fait vibrer avec ses missions, ses intrigues à tiroirs, ses faux-semblants, ses gadgets, son extraordinaire générique et sa musique légendaire... Un pur produit du début des années 90 qui avait, du reste, le bon goût de ne pas être trop violent (pour ne pas dire pas du tout violent) ce qui, gamin, permettait de regarder la série avec son père (qui était ravi de retrouver la série de son enfance et ce brave Peter Graves qui reprenait le rôle du chef Jim Phelps) et, ainsi, d'avoir l'impression de voir un "film de grand" (un peu comme les vieux "James Bond" que j'ai découvert en même temps). "Mission Impossible : 20 ans après" a, ainsi, été longtemps une de mes séries préférées... Malheureusement, le temps a fait son office et la série a terriblement vieilli. Je passerai sur le budget visiblement serré de la production qui, à l'heure de la HD, se voit terriblement à l'écran (l'utilisation d’image d'archives avec une résolution différente, le matte painting de Paris ou de la navette spatiale, des effets spéciaux parfois cheap, des décors réutilisés d'épisode en épisode...). Après tout, ce côté vieillot participe au charme de ce spectacle d'antan. Le problème est ailleurs : à savoir les intrigues proposées. Handicapée dans un premier temps par la grève des scénaristes qui l'a contrainte à recycler des intrigues de la série d'origine, la série a rapidement eu droit à des histoires "originales" avec une certaine tendance à se répéter en usant de grosses ficelles scénaristiques. Les climax artificiels (laissant un des agents en fâcheuse posture... puis être sauvé quelques secondes après la pause pub) sont, ainsi, légions et peu surprenants ! Les "passages obligés" sont un peu trop appuyés, comme l'inévitable final de chaque épisode où l'équipe se réunit suite à la réussite de la mission sur le thème musical de la série (ce qui est plutôt sympa), avec, en point d'orgue, une réplique de Jim Phelps (ce qui est moins réussi, dans la mesure où cette réplique est souvent très pauvre). On peine, parfois, à saisir les tenants et les aboutissants des missions proposées et, surtout, on comprend souvent mal pourquoi ces agents ne tuent pas carrément le ou les "méchants" plutôt que de se livrer à leurs tours de passe-passe. Il y a aussi cette trop grande légèreté dans l'écriture, surtout face à des thèmes forts (les enfants élevés dans le culte d'Hitler, la tentative de coup d'état du général fondu d'astrologie ou encore le détournement d'une navette spatiale par des dissidents politiques sont autant de sujets survolés qui auraient mérité d'être plus écrits). Une fois encore, je trouvais les intrigues fantastiques quand j'étais gosse (et, surtout, très accessibles), de sorte que ce reproche est peut-être un peu trop exagéré aujourd'hui, à une époque où les séries ont fait un pas de géant sur le plan narratif. Je me dis quand même que ces défauts expliquent le relatif insuccès de cette suite qui n'aura connu que deux saisons... Pour autant, je n'entends pas bouder mon plaisir face à ce qui reste une délicieuse madeleine de Proust. J'ai, ainsi, toujours autant apprécié le fantastique générique (ah cette allumette et cette mèche qui brûle !) qui a su dynamiser le thème de Lalo Schifrin (et annoncer les reprises futures des films). Idem pour l'inévitable scène d'exposition de la mission (modernisé pour l'occasion à coup de mini-ordinateur et de mini-disque), avec les phrases cultes que sont "Comme toujours si vous ou l'un de vos agents étaient pris ou tuer, le Département d'Etat niera avoir eu connaissance de vos agissements" et "ce disque s’autodétruira dans 5 secondes". Enfin, le parti-pris de toujours conserver la même équipe (là où la série d'origine opérait une sélection au début de chaque épisode) peut paraître un peu dommage (on perd le côté "j'adapte mon équipe en fonction des besoins de la mission) mais permet de s'attacher davantage aux membres de l'IMF. Le casting est, d'ailleurs, une vraie réussite. Outre le chef d'équipe Peter Graves, tellement rassurant en agent à l'ancienne et en pater familias, on retrouve Thaao Penghlis en spécialiste du déguisement (qui utilise les extraordinaires masques qui ont fait la renommée de la série), Anthony Hamilton en homme fort, Phil Morris en petit génie de l'électronique et Jane Badler en atout séduction (qui a remplacé la fade Terry Markwell en cours de saison 1). Chaque personnage était, ainsi, bien identifié et cantonné dans sa spécialité, ce qui, aujourd'hui, serait considéré comme scénaristiquement primaire mais qui constitue l'essence de la série. Enfin, "Mission Impossible : 20 après" s'autorisait, parfois, des moments assez épatants, comme le retour de Greg Morris dans le rôle de Barney Collier (qui s'avère être le père de Grant à la ville comme à l'écran), la mort inattendue de Casey et son remplacement par Shannon ou encore les moments de doute de l'inébranlable Jim Phelps (voir l'épisode où un ancien membre de l'IMF tue des agents en se faisant passer pour lui ou encore sa peur de perdre un des membres de son équipe). Dommage que d'autres stars de la série d'origine (comme Leonard Nimoy, Martin Landau, Peter Lupus ou Barbara Bain) ne se soient pas fendues d'un petit caméo. La durée de vie limitée de la série ne leur en peut-être pas laissé le temps. Ainsi, "Mission Impossible : 20 après" n'a, certes, pas marqué l'histoire de la télé mais m'a suffisamment marqué moi (et un certain nombre de spectateurs, dont ce brave Tom Cruise) pour amorcer l'étape suivante, à savoir l'adaptation sur grand écran, avec la réussite et le succès que l'on sait. C'est déjà ça...