Série western HBO nantie d'un imposant budget, ce qui a permis à l'équipe du film de reconstituée en dur une vraie ville du Far West, pleine de boue et de bois. Ce décorum sert un propos plus nébuleux en apparence, sorte de relecture de l'Ouest fondateur, loin de tout sentimentalisme et glorification des héros. D'ailleurs, les noms connus de la légende de l'Ouest sont parfois convoqués pour être aussitôt malmenés. Une démarche guère novatrice certes mais qui permet d'envisager les légendes sous un autre angle. Mais à part ça, que vaut la série ? Les interprètes déjà sont fabuleux. Le casting est royal, avec pour chacun des rôles bien campés, tangibles et humains. Le souci pour moi vient plutôt de sa narration et plus particulièrement des intrigues au coeur de la série. Milch et son équipe de scénaristes sont de brillants dialoguistes, utilisant un vocabulaire et des formules de phrases particulièrement retors, souvent savoureuses. Non, en fait, mes réserves viennent d'une narration incroyablement lente, qui peine parfois à aller vers un but bien identifiable, se perdant dans des discussions infinies autour de petites histoires de luttes de pouvoir qui se répètent jusqu'à plus soif, sans oublier certains personnages dont on peine à mesurer la pertinence (Calamity Jane se soûle, vomit, éructe, se resoule, revomit, digresse sans jamais faire avancer l'intrigue). Surtout, si on sent bien la volonté de montrer aux américains la naissance de leur pays, en montrant déjà les ravages de la corruption, en démythifiant certaines figures, en montrant des êtres cruels mais humains, on assiste bel et bien à la construction d'une nation dans la boue, le sang, la haine parfois et plein d'autres détails mais la série ne connaissant pas de vraie fin
(se concluant sur les bases d'un affrontement qui s'annonçait dantesque)
, on peut regretter deux premières saisons un peu lentes, trop dispersées et peinant à captiver sur la durée (d'où des mauvaises audiences qui aboutiront à son annulation alors que l'histoire prenait forme). De plus, les dialogues comptent bien trop de vulgarités gratuites (presque 3 000 fuck et ses dérivés en 36 épisodes, sans oublier d'autres propos orduriers) et on se retrouve face à une série certes intéressante mais qui m'a laissé un peu circonspect. Mais vivement le film de conclusion, dans les tuyaux depuis l'arrêt de la série.