Enfant précoce et prodige, il perd ses parents au début de son adolescence. Le docteur Bernstein, un ami de sa famille, va le recueillir. Il aura une jeunesse dorée, rythmée par de nombreux voyages à l'étranger. A 16 ans, celui qui savait réciter par coeur le Roi Lear à l'âge de 5 ans, bluffe et se fait engager par le prestigieux Gate Theater de Dublin. Ses affinités avec le monde des planches, lui font intégrer les plus grandes troupes, pour devenir un acteur et metteur en scène très respecté. En 1934, il réalise The Hearths of Age un film muet de cinq minutes. La même année, il rentre à la radio. En adaptant la Guerre des mondes de Herbert George Wells pour les ondes, il crée l'un des événements radiophoniques du siècle. En effet, les auditeurs avaient réellement cru au débarquement des extraterrestres dépeint par ce roman. Ce touche-à-tout souhaite s'investir dans le cinéma en adaptant le livre Au Coeur des ténèbres de Joseph Conrad. Il voulait que ce film soit réalisé en caméra subjective. Ce dernier procédé et le coût trop élevé du projet empêcheront le film de voir le jour.
Son premier long-métrage sera Citizen Kane en 1941. Ce film est révolutionnaire par son procédé narratif et reprend implicitement le principe de la caméra subjective. Cette oeuvre s'inspire de la vie du magnat de la presse W.R Hearst qui utilisa toute son influence pour la censurer. Les critiques salueront unanimement Citizen Kane alors que le public le bouda. Welles enchaîne en 1942 avec La Splendeur des Amberson. Le film ne rencontra pas le succès. Les studios remonteront ce film sans son accord, intervention qu'il vivra extrêmement mal. Welles décide alors de se concentrer sur sa carrière d'acteur. Il joue dans Jane Eyre (1944) de Robert Stevenson avant de revenir à la réalisation avec Le Criminel (1946). Puis en 1948, il monte La Dame de Shanghai. Là encore malgré son inventivité, ce film ne remporte pas les suffrages. Avant de quitter les Etats-Unis, il réalise Macbeth tiré de la pièce de Shakespeare.
Ne supportant plus les contraintes du système américain, cet épris de liberté et d'indépendance part s'installer en Europe. Il se rend compte qu'il est grassement payé pour ses prestations d'acteurs. Il utilise ses hauts salaires pour auto-financer ses longs-métrages. C'est ainsi qu'on le voit dans Le Troisieme Homme de Carol Reed (1949). Il joue sous la direction de grands noms du 7ème Art comme dans Si Versailles m'etait conté... (1954) de Sacha Guitry, Moby Dick (1956) de John Huston, Le Génie du mal (1959) de Richard Fleischer, et La Décade prodigieuse de Claude Chabrol (1971).
En tant que réalisateur, il continue l'adaptation de pièces sur grand écran comme Othello (1952) et Falstaff (1966) poursuivant ce qu'il avait entrepris avec Macbeth. Grâce à Charlton Heston, il fait La Soif du mal (1958), puis en 1963 Le Procès d'après le livre de Kafka. Son dernier film est Vérité et Mensonges (1975), une oeuvre sous forme d'essai sur le thème de la vérité dans l'art. Malgré l'infortune commerciale de ses films, Orson Welles est indéniablement l'un des plus grands cinéastes du 20e siècle. Un génie exubérant, excellant dans tous les domaines artistiques. Incompris, il est aujourd'hui considéré comme un réalisateur visionnaire.