Jean-Michel Carré, né le 26 juillet 1948, abandonne ses études de médecine en 1968 pour entrer à l'IDHEC (Institut Des Hautes Etudes Cinématographiques aujourd'hui FEMIS). Sa volonté de devenir cinéaste date de ses 16 ans où, après avoir assisté à une projection de Pierrot le Fou, il découvre, dit-il, "les multiples possibilités d'écriture qu'offre le cinéma."
L'année même de son entrée à l'IDHEC, son documentaire sur Cuba, réalisé grâce à l'obtention de la bourse " feu vert pour l'aventure ", est interdit de diffusion. Il participe d'ailleurs en 1974 à la création du premier festival du film censuré. Ce festival est l'occasion pour Jean-Michel Carré de montrer sa volonté de faire changer les sociétés par ses films. S'en suit la création, avec Serge Poljinski, de la société les films grain de sable dont la phrase d'introduction, écrite par Jean-Michel Carré, est : "le cinéma est l'art le plus adéquat pour l'activisme politique".
Le ghetto experimental (1975), écrit et réalisé avec Adam Schmedes, est pour lui le début d'une série d'une quarantaine de films, de fiction ou documentaires, tous engagés pour dénoncer un travers de la société. En effet, pour Jean-Michel Carré "Le véritable travail du documentariste est de témoigner de la place de l'homme dans le système, celui qu'il s'impose comme celui qu'il invente." L'Enfant prisonnier (1976) rend cet engagement clair et définitif dans le milieu cinématographique. Ce film sur l'enseignement traditionnel comme moyen d'aliénation sera nominé pour le césar du meilleur court-métrage de fiction en 1977.
Pour réaliser Charbons ardents (2000), documentaire sur une mine du pays de Galles au destin étonnant, Jean-Michel Carré n'hésite pas à passer un an avec les mineurs avant de tourner pour être sûr de faire un documentaire aussi proche de la réalité que possible. Son engagement en tant que cinéaste se prolonge dans sa société de production les films Grain de sable consacrée tout d'abord à la critique des "milieux d'enfermement" (écoles, hôpitaux, usines, prisons...) mais également à des luttes internationales telles que l'Apartheid ou les conflits du Moyen-Orient.
Son film-enquête, Krousk : un sous-marin en eau trouble (TV) (2004) lui vaut le grand prix du jury du festival internationnal du Grand Reportage d'actualité et du documentaire de société (FIGRA). Ses récents documentaires, J'ai (très) mal au travail (2007) et Les Travailleu(r)ses du sexe (2010), dénoncent les situations des salariés dans les entreprises et des prostitué(e)s. Ses travaux poussés privilégient le travail de fond sur la durée alliant tournage sur le terrain et interventions de spécialistes.