Descendant de grands-parents kabyles ayant combattu pour la France, Mehdi Idir, surnommé "Minos", est l’aîné d’une fratrie de deux enfants. Entouré de sa mère, secrétaire, et de son père, chauffeur-livreur, le petit garçon grandit dans la cité des Francs-Moisins en Seine-Saint-Denis, dans l’amour et le respect des institutions. Très vite, il baigne dans la culture, son père l’emmène tantôt au concert de James Brown, tantôt loue des films de voyous au vidéo-club du coin. S’il a peu d’appétence pour l’école, sa mère est très à cheval sur l’éducation et l’incite tant bien que mal à décrocher un DEUG communication après un Bac ES (non sans un petit redoublement au passage).

Ce qui fait vibrer Mehdi Idir se trouve plutôt dans la danse Break, qu’il pratique avec la compagnie Aktuel Force à la MJC de Saint-Denis. C’est à ce moment-là que La Mission Locale propose une formation de montage vidéo à laquelle il s’initie. C’est la révélation. Mehdi Idir sait qu’il veut être réalisateur. Avec une caméra DV qu’il acquiert d’occasion, il filme ses premières battle de danse. En 2001, le jeune homme réalise une bande-démo pour les champions du monde de danse hip-hop, les Wanted Posse. Alors que le concept de "buzz" n’en est encore qu’à ses balbutiements, la vidéo comptabilise 40.000 téléchargements sur le site style2ouf.com.

Cela lui permet de se faire remarquer par le directeur de TF1 Vidéo, qui lui propose de faire un DVD, Wanted Posse, la vidéo officielle. Celui-ci s’écoule à 11.000 exemplaires, un petit record. Durant cette période, il peaufine sa culture cinématographique en se nourrissant de Retour vers le futur, Le cave se rebiffe, Les Affranchis, Les princes de la ville et le cinéma de Jean-Pierre Jeunet, qu’il admire.

En 2006, il fait la connaissance de Fabien Marsaud, alias Grand Corps Malade à l’occasion de Talents Cachés, un concept réunissant des artistes de la culture urbaine. Les deux hommes deviennent amis, mais ne démarreront leur collaboration artistique qu’un peu plus tard.

En attendant, Mehdi Idir réalise en 2007 Paris By Light, une vidéo sur le light painting avec l’artiste Marko93 et qui atteint 700 000 vues sur Youtube. Un succès, qui lui ouvre les portes de Canal + dans l’émission Clique, puis sur Comedy ! (La grande scène) et NRJ12 (La nuit nous appartient).

En parallèle, il réalise quelques captations vidéos pour Baptiste Lecaplain en 2013 ou Les Duos Impossibles de Jérôme Ferrari en 2014. Un an plus tard, sa carrière prend un tournant quand il réalise son premier court-métrage, Le Bout du tunnel, adapté d’une chanson de Grand Corps Malade avec Izia Higelin et Nicolas Duvauchelle. Pour cette histoire inspirée de l'ancien détenu Laurent Jacqua, il reçoit le Prix Fiction de l’Urban Film Festival.

C’est le début d’une jolie collaboration artistique entre le chanteur et l'apprenti réalisateur, qui aboutit en 2017 à Patients, leur premier long-métrage, adapté du livre éponyme de Fabien Marsaud dans lequel il revient sur son accident et sa longue rééducation. Patients réalise plus d’un million d’entrées au box-office et est nommé quatre fois aux César 2018, notamment dans la catégorie "Meilleur premier film". Mehdi Idir poursuit ses captations vidéos pour Alban Ivanov ou Canal +, mais s'attelle à son second long-métrage avec Fabien Marsaud, La vie Scolaire (2019), qu’il co-écrit également.

Après avoir signé les clips Tu m’auras tellement plu de Ben Mazué et Derrière le Brouillard en 2021 de Grand Corps Malade et Louane, le duo de réalisateurs créent ensemble le concept À nous l’Histoire sur Canal +, visant à démocratiser l’Histoire auprès des élèves à travers des acteurs rejouant des événements marquants. Une petite récréation pour ceux qui envisagent un projet bien plus ambitieux : un biopic sur Charles Aznavour, le parrain artistique du slameur. Monsieur Aznavour, avec Tahar Rahim dans le rôle-titre sort au cinéma le 23 octobre 2024.